Largement sous-équipées en infrastructures éducatives et socio-éducatives, les banlieues des 5 mégapoles Ouest Africaines investies par le programme “Compétences pour demain”, soutenu par l’Agence Française de Développement, – Ouagadougou (Burkina Faso), Porto Novo (Bénin), Abidjan (Côte d’Ivoire), Dakar (Sénégal) et Kobayah (Guinée Conakry) – peinent à permettre l’autonomisation des jeunes. Une situation vécue comme une double peine pour les jeunes femmes qui sont davantage exclues du marché du travail.
En effet, en Afrique, 90% des femmes travaillent dans l’économie informelle, sans protection sociale et dans une majorité de pays africains le revenu mensuel médian des hommes est plus de deux fois supérieur à celui des femmes ».(Bureau international du Travail (BIT)
Des laboratoires pour se remettre en route
C’est dans ce contexte tendu que les « Laboratoires d’innovation sociale » (Labis) créés par Solidarité Laïque proposent aux jeunes, dont 52 % de femmes, des espaces pour trouver le chemin de l’autonomisation. « La lutte contre les discriminations liées au genre, explique Pierre Sawadego, Directeur de Solidarité Laïque Afrique de l’Ouest, a d’emblée été posée comme un principe d’action du programme “Compétences pour demain”. Concrètement, il est exigé que chaque Labis prenne en compte les spécificités liées à la santé et à l’hygiène des femmes, aménage des lieux pour qu’elles puissent se changer et garantisse des espaces sans harcèlement et sans stigmatisation. Ils doivent aussi faciliter l’accès des jeunes filles mères aux formations en leur permettant par exemple de faire garder leurs enfants à la crèche. »
Trouver son premier emploi
Car tel est bien l’objectif du programme : permettre aux jeunes de ces grandes banlieues d’accéder à l’emploi. Christobel, 22 ans, diplômée en économie, est aujourd’hui en attente d’une réponse pour un poste de cheffe de projet, après avoir été formée dans le Labis de Porto Novo,: « on n’apprend pas tout à l’école, c’était très compliqué pour moi de trouver des stages quand j’étais étudiante. Aujourd’hui, grâce à la formation “Techniques de recherche d’emploi”, j’ai appris à faire mon CV, mes lettres de motivation et à préparer mes entretiens.»
Une étape vers l’emploi
Pour Chantal, 20 ans, la rencontre avec les équipes du Labis de Porto Novo a constitué une étape décisive. Étudiante en géographie, Chantal veut depuis longtemps créer son activité dans l’agronomie, avec cette conviction que « c’est en consommant ce que nous produisons que le pays pourra se développer ». En parallèle de ses études, Chantal a donc suivi des formations spécifiques en lien avec ses préoccupations, « Consommation locale » et « Marketing et communication ». Le Labis permet de faire des rencontres, de partager des idées, un réseau et des projets. Cela fait la différence par rapport à une formation uniquement universitaire.
Prendre conscience des discriminations et agir
Les jeunes femmes qui fréquentent les Labis sont de plus en plus conscientes des inégalités subies et déterminées à les dépasser. “Des hommes sont trop souvent à la tête des entreprises. Nous aussi, nous voulons des responsabilités !” clame Doris, 21 ans, étudiante en géographie, qui a déjà suivi 4 formations au sein du LABIS de Porto Novo et souhaite plus tard monter sa propre affaire. Selon Christobel, “les femmes sont moins considérées que les hommes pour les postes importants et dans ce contexte, certaines ne savent pas comment valoriser ou développer leurs compétences.” Un constat que relaie Chantal : “l’accès à l’entreprenariat est encore plus compliqué pour les jeunes femmes.” Mais avec l’action des Labis sur le terrain, les choses sont déjà en train de changer.
A propos du programme Compétences pour demain :
Confrontés à une instabilité politique, à un fort taux de chômage, les jeunes sont dans une situation très précaire. Dans un contexte de montée de la menace terroriste, il est urgent d’offrir à ces jeunes de meilleurs perspectives d’avenir. Le programme “Compétences pour demain”, qui succède à Top Eduq s’adresse aux jeunes des banlieues des grandes métropoles. Ces zones périurbaines que rejoignent les migrants régionaux sont sous-équipées en infrastructures éducatives et socio-éducatives. Elles cumulent de multiples facteurs d’exclusion qui conduisent parfois à des violences extrêmes. Ce programme est mené en partenariat avec Aide et Action et avec le soutien de l’Agence Française de Développement.