En cette journée international des migrants où nous clôturons le FIFDH, il faut d’abord rappeler que nous nous indignons du sort réservé aux migrants, exilés en France, et notamment de celui des mineurs non accompagnés qui ont droit à l’éducation quelle que soit leur situation administrative. Nous appelons l’abrogation effective du délit de solidarité.
Durant cette période de quinze jours, des centaines de personnes ont regardé les films proposés par ce festival.
Nous avons regardé ces films ; ce que j’ai vu est souvent grave, compliqué, violent. Et aussi fort, émouvant et porteur d’espoir ! Ces films parlent et nous disent tant de choses de notre humanité. Ils vont contribuer, grâce à ce festival, à la prise de conscience que nous souhaitons porter sur ces situations où les droits de l’homme sont bafoués.
En les regardant, une question m’a taraudée : que peut-on faire ? Au-delà de la compassion ou de la générosité ?
Comment faire en sorte que les femmes soient respectées ? faire en sorte que chaque humain ait accès à un travail ? que la dignité de chacun ne soit plus bafouée ? que la violence et les inégalités ne prennent plus le dessus dans les sociétés ? comment sortir de l’impuissance dans laquelle tant d’humains sont enfermés ?
Des solutions ont déjà fait leurs preuves : l’éducation et la solidarité.
L’éducation est une réponse fondamentale. Pour Solidarité Laïque, c’est le moteur de notre action. L’éducation que nous construisons propose à chaque enfant, chaque jeune de développer son esprit critique, de s’émanciper, d’analyser, et parfois simplement d’apprendre à parler à l’autre.
C’est ce que nous construisons avec nos partenaires dans les 20 pays où nous intervenons, souvent dans des zones en crise climatique, géologique ou de guerres. Il est important de construire des écoles, des centres de loisirs, il est vital de soutenir ceux qui œuvrent pour que les sociétés connaissent la justice et la paix.
Ce qui est important, en regard, c’est le collectif, la capacité à faire ensemble, la solidarité. Pourquoi je dis ça ? Parce que, sans doute, si des organisations comme celles qui constituent Solidarité laïque avaient été présentes dans les réalités que décrivent ces films, si des syndicats ou des collectifs avaient existé pour faire reconnaître les droits des travailleurs ou des minorités, si des associations d’entraide avaient ouvert leurs portes à tous ceux (ce sont souvent, toutes celles) qui avaient besoin d’être épaulées, si des espaces d’éducation avaient accueillis tous ceux que la misère et l’ignorance asservit, alors peut-être ces films n’auraient pas existé.
Je salue leurs auteurs, ils nous insufflent la force d’avancer et rendent palpable un idéal de fraternité et de justice. Ce festival, c’est un formidable réveil pour tous ceux qui sont endormis.
Ce festival est un formidable outil. Je vous propose d’applaudir ses réalisateurs et par nos applaudissements d’apporter surtout notre soutien aux acteurs qui ont accepté de partager avec nous leur regard et leur combat pour la dignité et la justice.
Lors de la Cérémonie de Clôture au Musée National de l’Histoire de l’Immigration, le jury de la 16ème édition du Festival a récompensé deux films. Entre lutte contre les violences faites aux femmes en Afghanistan et mobilisation contre la déforestation au Libéria, ces films mettent en valeur les combats d’un homme et d’une femme dans leur pays.
Grand Prix
A Thousand Girls Like Me
Le Grand Prix a été attribué au film A Thousand Girls Like Me de la réalisatrice Sahra Mani (2018 − 76′ – Afghanistan), film diffusé en avant-première au FIFDH.
A Thousand girls like me retrace l’histoire de Khatera, une enfant, devenue adolescente, puis jeune femme, violée par son père dont deux enfants sont nés de ces crimes. Dans sa quête de justice contre ce criminel, elle est soutenue presque sans faille par sa mère, mais rejetée par tout le monde. Malgré le danger, elle sera la première à faire valoir ses droits au nom de la nouvelle loi contre les violences faites aux femmes en Afghanistan. Tourné sur les hauteurs de Kaboul, le film accompagne ce combat, avec un vrai regard de cinéaste.
Sortie prévue en salles le 13 février 2019
Prix Spécial du Jury
Silas
Le Prix spécial du Jury revient au film Silas (2017 – 80′ – Canada/Afrique du Sud) de Anjali Nayar et Hawa Essuman.
Ce documentaire inédit en France, coproduit par l’acteur Di Caprio, dresse le portrait du militant libérien Silas Siakor. Véritable héros des temps modernes, Silas lutte inlassablement contre l’abattage clandestin du bois dans son pays, le parcourant en tous sens, au péril de sa vie. Pour mener ses enquêtes sur le terrain, il a fédéré un réseau de citoyens engagés, qui, armés de leurs mobiles, voyagent de village en village pour filmer et documenter le pillage des ressources du Liberia accomplies avec la complicité du gouvernement corrompu. Cette bataille permet aux ruraux de s’unir pour protéger leurs terres et … leur avenir ! Ce film, porte le souffle du combat mené par Silas, pour préserver l’environnement et lutter contre la corruption. Un symbole de résistance pour une nouvelle génération, qui résonne comme un appel à l’engagement.