Des nouvelles d’Haïti : 5 mois après l’ouragan

Des nouvelles d'Haïti : 5 mois après l’ouragan
Cinq mois après l’ouragan qui frappait Haïti en octobre 2016, refaire de l’éducation une priorité, alors que de nombreuses familles ont tout perdu, est un enjeu majeur pour la stabilisation du pays.

Les 3 et 4 octobre 2016, Haïti était frappé par un ouragan d’une ampleur sans précédent. Nombre d’entre vous se sont montré solidaires des haïtiens en soutenant les actions mises en place par Solidarité Laïque et ses partenaires. Après un premier état des lieux, la mobilisation s’organise désormais autour de projets concrets pour reconstruire, réhabiliter les écoles détruites.

La plus grande crise humanitaire depuis le séisme de 2010

La Grand’Anse, l’un des territoires d’action de Solidarité Laïque a été fortement impacté par l’ouragan Matthew qui a violemment frappé Haïti le 4 octobre 2016.

Celui-ci est considéré comme ayant entraîné la plus grande crise humanitaire du pays depuis le tremblement de terre de 2010. Le secteur de l’éducation a été particulièrement touché puisque le dernier rapport produit par les nations-unis fait état de 490 000 enfants déscolarisés, 716 écoles détruites ou endommagées (dont près de 200 dans la Grand’Anse).

 

Le retour et le maintien des enfants en salles de classe : une priorité

Parmi les priorités de la reconstruction, le retour et le maintien des enfants en salles de classe constitue donc un enjeu majeur car les familles ont bien souvent perdu tout ce qu’elles avaient investi lors de la rentrée scolaire (uniformes, livres, matériel, etc.) et ne sont plus en mesure d’assurer leurs dépenses (perte de cheptels, productions agricoles des revenus formels…) occasionnés sur les infrastructures (écoles démolies, toits arrachés, matériel détruit…).

 

Un coup de plus porté au système éducatif haïtien

Les nombreux dommages sont aussi venus affaiblir encore plus le système éducatif. Les dégâts provoqués ne permettent plus en effet, d’assurer la scolarisation de tous les enfants et de garantir une éducation de qualité dans la zone sinistrée. Enfin, l’ouragan a eu un impact significatif sur l’environnement des écoles. Nombre de bibliothèque, mobilier scolaire, cantines, jardins scolaires, points d’eau potable, latrines, plantations d’arbres ont été fortement endommagés et/ou détruits, entraînant des risques sanitaires importants (choléra, diarrhées, etc.), ainsi qu’un risque d’accentuation des problèmes de malnutrition chez les plus jeunes. La réponse aux besoins primaires (santé, nutrition) est en cours par des organisations internationales.

 

Le relèvement du système éducatif, un enjeu de stabilisation

L’étape suivante consiste au relèvement du secteur éducatif. La réouverture de l’Ecole est une priorité pour : éviter un temps d’absentéisme trop long qui impacterait considérablement le rythme éducatif sur le long terme, permettre aux parents un retour à leurs emplois assurer une protection et une stabilisation des enfants ayant subi un traumatisme psychologique.

Solidarité Laïque à travers son programme collectif qu’il pilote dans la Grand’Anse depuis 2010, entend répondre à une partie de ses besoins exprimés sur plusieurs établissements.

 

La mobilisation et les actions mises en place

En France, de nombreux partenaires du Grand’ Ouest français se sont mobilisés : l’Amical Laïque de Coüeron, les délégations départementales Charente Maritime, et Creuse de Solidarité Laïque, Amitié Echiré Haïti, Solidarité Haïti Baugé.

L’objectif : mener avec les partenaires haïtiens trois actions prioritaires de réhabilitation de structures.

 

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Réhabilitation d’une école à Dame-marie et de l’école de Baliverne 

 « A l’Ecole Fondamentale d’Application Centre d’Appui Pédagogique (EFACAP) de Dame-Marie qui accueille 1500 élèves, l’ouragan a emporté toitures et plafonds des deux tiers des salles de classe et de la bibliothèque. Les ouvrages et plus de 50 tablettes électroniques qui s’y trouvaient, ont péri dans les flots apportés par une pluie torrentielle. » constate M. Oristel, directeur de l’EFACAP de Dame-Marie.

« L’école sert d’accueil aux dizaines de familles devenues sans abris suite au passage de l’ouragan, ce qui augmente sensiblement l’utilisation des structures sanitaires, déjà insuffisantes, de l’école. Cette situation pourrait provoquer des risques de contamination des enfants et des enseignants. »

Pour pouvoir leur permettre de continuer à aller à l’école, de nombreux chantiers seront entrepris dans les prochains mois : réhabilitation de la toiture, de la bibliothèque… Des formations en santé scolaire, en animation sportive et une sensibilisation à l’environnement et au reboisement seront mises en place pour que, plus qu’une aide matérielle, les haïtiens puissent s’approprier cette reconstruction.

Quant à l’école de Baliverne, qui accueillait chaque jour plus de 400 élèves des villages alentours, elle a été complètement balayée.

Il est donc prévu une reconstruction complète de l’école.

 

 

IMG-20161009-WA0009Réhabilitation de deux écoles dans la commune de Roseaux

 

L’école nationale de Roseaux accueillait 347 élèves. Sa création est le fruit d’une mobilisation de longue date pour faire reconnaître la nécessité de l’accès à l’éducation pour les enfants des communes de Roseaux et des environs, autrefois contraints de se rendre à l’école dans la commune voisine. « Déjà dans un état lamentable, dû à l’absence de structures adéquates, l’ouragan a tout dévasté. Maintenant, le plus dur est devant nous : nous devons tout reconstruire ! » témoigne M.  Jean  Richard  OLIN ,  maire  de Roseaux.

Pour soutenir l’effort de reconstruction, il est prévu la création d’une cantine, la réhabilitation de la toiture et de la salle de classe, l’installation d’un système hydraulique, d’un jardin scolaire et une formation à l’animation socio-culturelle.

« Quant à l’école Joseph N. Garnier, Matthew a cassé la belle dynamique que cette école a connu ces dernières années. D’une petite école recueillant à peine 20 élèves en  2012, elle accueillait avant l’ouragan plus d’une centaine d’élèves répartie en 6 classes de la maternelle au CM2. Et surtout avec sa cours de récréation qui faisait office de terrain de sport, elle permettait à tous les enfants de la commune de pouvoir venir jouer au basket-ball et à réaliser tout type d’animations sportives. Il faut maintenant la  remettre sur pied très pied en réhabilitant la toiture et son terrain de sport »

Pour que les enfants retrouvent leur place au sein de cette école, l’effort sera concentré sur la réhabilitation de la toiture, la reconstruction de la clôture et la réhabilitation du terrain de sport.

 

 

 

 

 

Des nouvelles d'Haïti : 5 mois après l’ouraganRéhabilitation d’une école de la commune de Jérémie

 

Accueillant plus de 12 000 élèves, l’école fondamentale d’application et centre d’appui pédagogique de Jérémie disposait d’infrastructures vétustes ne répondant pas aux normes minimales de santé scolaire et empêchant la mise en place d’activités socioculturelles. Suite à l’ouragan, la bibliothèque a été dévastée : l’école a perdu de nombreux ouvrages ainsi qu’une soixantaine de tablettes dotées de programmes académiques.

La réhabilitation de la toiture sera la première priorité pour cette école. Dans les mois suivants, un nouveau bloc sanitaire sera créé. La bibliothèque sera reconstruite. La cour de récréation sera réhabilitée. Plusieurs formations seront mises en place : santé scolaire, animation socio-culturelle et sportive et en gestion d’une bibliothèque.

 

Des actions s’inscrivant dans le programme collectif en Haïti

Pour Solidarité Laïque, ces actions s’inscrivent pleinement dans une démarche de long-terme qu’elle a engagé avec le Programme collectif pour le Développement de l’éducation et du dialogue social en Haïti.

Au-delà des catastrophes naturelles, le système éducatif haïtien est enlisé dans une situation inextricable depuis des décennies : insuffisance de structures éducatives surtout publiques, défaut de formation des enseignants et des personnels, une éducation à la santé quasi-inexistante…S’ajoute à cela un dialogue très difficile entre les organisations de la société civile (syndicats, associations de parents d’élèves, associations de jeunes…) et les acteurs publics concernés. Ce dialogue a été rendu possible avec le PROCEDH qui, conscient du rôle fondamental qu’avait à jouer la société civile dans l’édification d’un système éducatif de qualité, a mis au tour de la table des organisations très hétérogènes : syndicats, mutuelles, associations de jeunesse, associations de parents d’élèves.

Apporter ce soutien dans un contexte d’urgence est donc aussi une manière de renforcer ce combat mené de long-terme pour l’édification d’un système éducatif de qualité en Haïti.

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