Après une année ralentie au rythme du coronavirus, comment permettre aux femmes de ne pas devenir les premières victimes de la crise ? Déjà en 2010, la Banque Mondiale notait qu’en Afrique de l’Ouest les femmes ont deux fois moins de chances d’obtenir un emploi formel que ce soit dans le secteur public ou privé. Une situation qui les plonge dans une véritable précarité et à laquelle a décidé de s’attaquer le Labis de Porto Novo en encourageant les femmes à se lancer dans l’entreprenariat. Implanté depuis 2020, ce tiers-lieu a pour vocation d’accompagner les jeunes dans leurs projets.
« Trouver un appui financier pour leur projet est encore plus difficile pour les femmes »
La jeunesse béninoise ne manque pas d’idée et d’inventivité pour créer son emploi. Comme dans beaucoup de cas, l’obstacle est d’abord financier. « Au Bénin, les jeunes peinent à trouver l’appui financier nécessaire ou minimum pour faire décoller leurs projets, explique Elisée Ditcharé, Chargé de Mission Engagement Citoyen au Labis de Porto-Novo. Ceci encore plus difficile pour les femmes, pour qui le parcours est semé d’embuches et qui ne se sentent pas toujours légitimes à mener leur projet à bout. »
Elisée Ditcharé, chargé de mission Engagement Citoyen au Labis de Porto-Novo
« Les femmes sont stigmatisées aussi parce qu’on pense qu’elles vont avoir des enfants ne seront pas capables derrière d’assurer leur emploi, explique Doris, formée à la fabrication de savons au Labis de Porto Novo. Un constat partagé par Christobel, étudiante de 22 ans passée par le Labis de Porto Novo : « De ce fait, les femmes sont moins considérées que les hommes pour les postes importants et dans ce contexte, certaines ne savent pas comment valoriser ou développer leurs compétences. »
S’adresser spécifiquement aux femmes pour accroître leur participation
Ce problème est perceptible dès la fréquentation du Labis. « Parmi les candidats aux formations que nous proposons, nous remarquons qu’il y a très peu de femmes. Nous avons donc décidé d’organiser une session spéciale réservée aux femmes. » En collaboration avec Wurami Consulting, le réseau de femmes Women Impact Network, le Labis de Porto Novo a organisé le 19 mars une formation s’adressant aux femmes. Un véritable succès puisqu’une quarantaine de femmes ont participé.
Le Labis de Porto-Novo en action pour l’autonomisation des jeunes
« Depuis le lancement du programme, nous avons mis en place une série d’actions et d’initiatives en s’appuyant sur le RADEB, explique Elisée Ditcharé, qui devraient permettre aux jeunes de bénéficier d’un accompagnement dans la formulation de leur idée d’entreprise, la rédaction de leur plan d’affaires et la définition des stratégies de commercialisation et vente de leurs produits. Nous les aiderons ainsi à accéder à des sources de financement. »
Concrètement ?
- Une quarantaine de jeunes ont été initiés au financement participatif,
- Un dispositif de mentorat avec des coachs expérimentés qui offre des accompagnements individuels et groupés aux jeunes a été mis en place.
- 150 jeunes sont accompagnés pour saisir l’opportunité du programme d’entrepreneuriat TEF Connect 2021 qui permet aux jeunes de bénéficier d’une formation en affaires, d’un mentorat, avec à la clé la possibilité d’obtenir un capital de départ pour lancer leur projet.
En savoir plus sur les laboratoires d’innovation sociale :
Les Laboratoires d’Innovation Sociale (LABIS) sont des tiers-lieu déployés dans le cadre du programme Compétences pour Demain porté par Solidarité Laïque et Aide et Action avec le soutien de l’Agence Française de Développement qui visent à prendre en charge les jeunes par le biais de parcours individualisés tournés vers l’insertion à la fois sociale, économique et citoyenne, en se fondant sur les principes de l’éducation non formelle.