Remettons les pendules à l’heure !
Pour certains, c’est un gros mot, une énigme ou un code réservé aux initiés : les « pédagos » jargonneux, pour d’autres c’est tout et un peu n’importe quoi à partir du moment où ça se diffuse auprès « du » public !
Remettons donc les pendules à l’heure : pour ça nous avons justement besoin d’un outil (un tournevis fera l’affaire, notre support pédagogique), d’un bricoleur (l’utilisateur de l’outil, l’ « éducateur » ou l’animateur), d’une « cible » (l’horloge, notre public cible) et d’une intention (ce à quoi nous voulons aboutir = ici remonter notre pendule, à partir d’un constat : son mal fonctionnement, notre démarche pédagogique).
Un outil pédagogique, c’est simplement un support associé à une démarche et élaboré dans le but d’aider ou d’accompagner « un » public à comprendre, à apprendre ou à travailler…C’est donc un outil au service de la pédagogie, c’est-à-dire -plus modestement- au service de ceux qui apprennent ou de ceux qui les aident à apprendre (formateurs, enseignants, tuteurs, parents, collègues…).
Non, un outil, ça ne se diffuse pas auprès du public, mais ça s’utilise avec « un » public, car il y existe autant d’outils que de publics. De plus, il n’existe pas d’outil universel (qui n’a jamais utilisé un marteau à la place d’un maillet ?) et la panoplie du formateur (la fameuse « boite à outils ») ne peut se réduire à un seul outil pédagogique (le marteau sans les clous n’a pas grande efficacité !).
Pour s’outiller, il faut savoir décortiquer… les mots.
Qu’est – ce qu’un support pédagogique ? Livre, fascicule, photo, graphique, exposition, vidéo, carte… sont des supports des plus répandus. Mais un support peut se confondre avec une technique : le jeu, le conte… La chose se complexifiant davantage par le fait que tout support est un outil pédagogique potentiel. Et qu’il existe de nombreux supports qui ne seront jamais des outils pédagogiques !
Mais qu’est ce qui fait donc l’outil pédagogique ?
C’est l’association entre le support et la démarche qui fait l’outil. Le support ne reste qu’un moyen au service de la démarche ou de la stratégie éducative : le chemin que le support fait emprunter à l’esprit pour arriver à un savoir ou à la compréhension.
Ainsi une photo n’est pas un outil pédagogique, mais à partir du moment où elle s’insère dans une démarche, souvent lors d’une animation, où l’on va par la technique (le photo langage, le questionnement…) faire « parler » la photo et interroger l’apprenant : on est dans « l’outil ». Par contre, une association de photos, aussi parlantes soient elles, ne constitue pas un outil de fait mais le devient si cette association a une finalité cognitive et qu’elle emprunte pour cela le bon chemin : cohérence de regroupement des photos, légendes, textes explicatifs, questionnements, organisation thématique … Ce « bon chemin » l’est, quand il est adapté et adéquat : il n’y a pas de « bons et de « mauvais outils » pédagogiques, il n’y a que des bons outils adaptés à un public.
Message donc aux concepteurs d’outils
Il ne suffit pas d’avoir un thème original pour penser pouvoir créer un outil, il faut d’abord s’interroger sur les besoins (et)/ du public que l’on veut sensibiliser…
Un kit « clé en main », un outil univoque et linéaire dont la conception ne prend en compte ni l’objectif ni le public…ne sera donc jamais un outil efficace. L’outil doit être un « facilitateur » qui répond à un but fixé et correspond à un public visé. Le but, le projet prime sur l’outil même que chacun s’approprie, articule et manipule à sa façon. Peu importe donc le support (matériel ou conceptuel) si celui-ci est utilisable en autonomie ou en complément d’une action de sensibilisation, offrant des clefs de compréhension, suscitant un processus de réflexion et de partage…
Petit message subliminal à tous ceux qui pensent que pédagogie rime avec ennui ou monotonie…
Il existe pleins d’outils pédagogiques en dehors des documents écrits : le jeu (jeu de société, jeu de rôle…), par exemple, permet de faire passer des concepts parfois complexes, d’intéresser à un sujet et d’aménager de façon ludique une séquence d’animation. Il faudra juste veiller à ce que le support et la technique ne fasse pas de l’ombre au sens ou au message que l’on veut faire passer…