Quelques pistes de réflexion pour la classe
- Le don est-il facteur de développement ou vient-il renforcer les inégalités Nord/ Sud ?
- Suffit-il de soigner les maladies si on aide pas les parents à en reconnaître les symptômes ?
- Suffit-il d’envoyer des boites de lait infantile pour nourrir des bébés quand l’eau sur place n’est pas salubre ?
- Suffit-il de creuser des puits sans analyser la qualité des nappes dans lesquelles on va pomper l’eau ?
- Est-ce que les médicaments utilisés ici sont utilisables ailleurs ?
- Suffit-il de construire des écoles pour réduire le nombre d’analphabètes dans le monde ?
- Plutôt que d’envoyer des médicaments, pourquoi ne pas soutenir la production locale de médicaments traditionnels ?
- Peut-on intervenir dans un domaine sans s’occuper des autres ?
- Est-ce que nos manuels de géographie vieillis peuvent être utilisés dans d’autres pays ? (Est-ce que le Mali va étudier l’histoire de France avant d’étudier l’histoire nationale ?)
- Va t-on étudier Maupassant au Sénégal au lieu d’étudier les auteurs nationaux tout aussi méritants (Léopold Senghor) ?
- Que penser d’un manuel de mathématiques qui propose à un écolier du Burkina Faso des problèmes sur Pierre qui investit une somme en bourse ?
Des phrases à méditer
- « Le Tiers-Monde, ce n’est pas seulement des gens qui meurent de faim mais une richesse humaine incroyable avec des milliers d’hommes et de femmes en action, responsables, motivés »
Menotti Bottazzi - « Ecouter les personnes pour évaluer leurs besoins, c’est éviter les erreurs »
- « La main qui donne est toujours plus haute que celle qui reçoit »
Proverbe africain - Des textes à connaître :
- La charte du don de livres : charte rédigée à l’initiative de l’association Culture et Développement, rédigée par un collectif d’associations et organismes , et signée par plusieurs organismes français et étrangers :http://www.culture-developpement.asso.fr/
- La charte du don de médicaments ou « principes directeurs applicables aux dons de médicaments ». http://www.drugdonations.org/fr
A propos du don de médicaments
Un don sous « haute surveillance » ? De nombreuses erreurs médicales sont nées du don, de la volonté innocente de bien faire.
Extraits :
« Soudan, 1990 : Une importante livraison de médicaments a été envoyée dans le sud du Soudan dévasté par la guerre. Chaque colis contenait une série de petits paquets de médicaments quelquefois en partie utilisés. Tous étaient étiquetés en français, langue qui n’est pas comprise au Soudan. La plupart des médicaments étaient inappropriés, voire dangereux : solution pour lentilles de contact, stimulants de l’appétit, médicaments contre l’hypercholestérolémie, et antibiotiques périmés. Sur 50 cartons, 12 contenaient des médicaments pouvant être de quelque utilité ».
« Lituanie, 1993 : Onze femmes ont temporairement perdu la vue après avoir absorbé un médicament ayant fait l’objet d’un don. Ce médicament était un antihelminthique à usage vétérinaire et leur avait été administré par erreur. Le médicament avait été envoyé sans notice d’emballage ou information sur le produit et les médecins avaient tenté d’identifier le produit en rapprochant son nom de ceux qui figuraient sur les notices d’autres produits. »
En 1996, l’OMS a publié, en collaboration avec les principales associations humanitaires concernées ces principes directeurs :
Le don doit être conforme aux politiques sanitaires du pays. Ils prévoient notamment que les médicaments :
- répondent à une demande locale
- appartiennent à une liste de médicaments essentiels
- que leur date de péremption soit valable un an après l’arrivée sur place
- que les étiquettes soient rédigées dans une langue comprise des professionnels de santé locaux.
Ainsi, en règle générale, les médicaments non utilisés par les familles ne devraient pas faire l’objet de dons (mais être rapportés tout de même aux pharmacies dans une optique de développement durable, de respect de l’environnement).
Par qui donner ?
Aujourd’hui, la plupart des grandes associations médicales privilégient les achats de médicaments dans les centrales d’achat de chaque pays, et cela est en plus, moins onéreux que le tri des médicaments non utilisés.
Si vous désirez travailler dans le secteur de la santé et aider les pays en voie de développement à mieux se soigner, vous pouvez intervenir dans l’envoi de matériel médical.
A propos du don de livres
Le don de livres et de matériel scolaire est un type de projet très prisé par les établissements scolaires, il répond au thème de « l’Education pour tous ».
- Mais contribue-t-il au développement durable des éditeurs et imprimeries locales ?
- Répond-il au « respect de la diversité culturelle » ?
Nous donnons-nous les moyens de trier les livres que nous envoyons (et le matériel : du neuf et du déjà usagé), pour éliminer ceux qui sont trop spécifiques à notre culture et notre mode de pensée qui les rendent inutilisables ou décalés ailleurs ?
Extraits de La charte du don de livres : « Le don de livres est un des éléments des politiques de partenariat pour la lecture. Il prend tout son sens quand il est accompagné d’autres actions qui permettent l’échange de savoir-faire et une meilleure connaissance réciproque. Il est très souhaitable que le programme de don commence par une réflexion commune sur les besoins du destinataire, de façon à rechercher ensemble la meilleure adéquation possible entre cette demande et l’offre envisagée. Il faut également veiller à ce que le don n’ait pas d’effet pervers sur le marché du livre – édition et librairie – dans le pays destinataire. »
« Article 1 : La définition de tout programme de don de livres s’appuiera sur les principes généraux suivants : connaître et associer l’organisme partenaire à toutes les étapes du programme, préférer la qualité à la quantité, approfondir la connaissance des lectorats à servir, encourager le développement d’une culture de l’écrit ; dans le cas de dotation en ouvrages neufs, collaborer autant que possible avec les éditeurs et les libraires des deux pays concernés et contribuer à la production locale d’ouvrages en soutenant la production artisanale d’ouvrages à faible tirage.
Article 2 : Tout programme de don de livres veillera à associer, non pas des particuliers mais deux organismes juridiquement constitués (…) un donateur et un destinataire associés pour réaliser une transaction.
Article 3 : Le don sera effectué en réponse à la demande de l’organisme partenaire en fonction des informations qu’il aura fournies. L’organisme donateur s’efforcera de connaître son partenaire, son environnement et ses besoins en ouvrages. »