Appliquer le Droit à l’éducation
Mayotte est une terre d’immigration, majoritairement clandestine, elle est proche de 70 km de son île voisine des Comores, Anjouan. Son lagon est le témoin de drames humains quotidiens, pour les migrants qui tentent par tous les moyens de rejoindre sa côte pour une vie meilleure. Ces enfants, dont les parents sont en situation irrégulière, se voient très souvent refuser leur Droit à l’éducation sous des prétextes contraires au droit commun français et à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Ces exclus se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes, sans protection.
Scolariser tous les enfants…
La scolarisation est récente à Mayotte et la population est très jeune. Aussi la demande de scolarisation est importante : il faut construire des établissements pour accueillir tous les enfants mahorais de la maternelle au lycée et recruter des enseignants qualifiés. L’île possède de très grands complexes scolaires. Malgré cela et une politique forte de construction, il y a « moins de salles que de classes ». La moitié des écoles ont recours à la rotation : les élèves ont cours le matin, ou l’après-midi, à tour de rôle. Les rythmes ne sont donc pas adaptés aux besoins des enfants.
de la maternelle…
La majorité des parents mahorais n’ont pas connu l’école maternelle. Leurs enfants ont de la chance car elle leur permet de se familiariser avec le langage oral, écrit, mais aussi corporel. À Mayotte, avec la forte demande scolaire, peu d’enfants de 3 ans sont scolarisés. De nombreux enfants découvrent l’école à partir du CP.
… au lycée
Poursuivre ses études au collège puis au lycée n’est pas une évidence pour tous les jeunes mahorais : échec à l’examen de passage, retard scolaire, etc. Mais les taux de réussite s’améliorent d’année en année. Aujourd’hui, près de 62 % des élèves obtiennent le bac général. La question cruciale reste : et après ? Car Mayotte ne possède pas d’établissement d’enseignement supérieur…
Offrir de bonnes conditions pour bien apprendre
Permettre l’accès de tous à l’éducation est une priorité. Aussi la question de la qualité de l’apprentissage ou des conditions d’enseignement a été reléguée au second plan. Parfois les plus essentielles conditions matérielles (fournitures scolaires, manuels…), de sécurité ou d’hygiène font défaut. Mais il y a de grandes disparités à l’échelle de cette petite île, et selon les moyens des communes pour le 1er degré.
Relever le défi du multilinguisme
Les Mahorais parlent le shimaoré, le shibushi, langues majoritaires mais aussi d’autres dialectes. Or le français est la langue d’enseignement. Apprendre dans une autre langue que sa langue maternelle est difficile. De plus, l’illettrisme en français est fort dans la population adulte, car 3 personnes sur 10 n’ont jamais été à l’école.
Soutenir l’éducation en dehors de l’école
Hors de l’école, les structures périscolaires de jeunesse et de loisirs accompagnent les enfants et les jeunes dans leur développement personnel et l’apprentissage de la citoyenneté. Mais ce secteur est démuni : il n’existe pas ou peu de structures d’encadrement, d’activités pour les jeunes ou de lieux dédiés.
Éduquer à la préservation de l’île lagon
Mayotte est un trésor de biodiversité, un patrimoine écologique qu’il faut apprendre à préserver. L’éducation peut jouer un rôle pour l’avenir de l’île et son développement durable. La prise de conscience environnementale est récente et les jeunes sont porteurs d’espoir.
Rendez-vous sur le blog Un cahier-un crayon pour y découvrir les ressources pédagogiques et des idées concrètes pour vous mobiliser sur cette opération concrète de solidarité.
Mayotte en quelques chiffres
Un système éducatif à refonder
73 % des jeunes mahorais sont illettrés, contre 10 % au niveau national
3 personnes sur 10 n’ont jamais été scolarisées
56 % des jeunes de 15 à 29 ans qui ont achevé leur scolarité n’ont pas obtenu de diplôme qualifiant, contre 19 % dans l’hexagone
Une population très jeune
60 % de la population a moins de 25 ans
41 % de la population mahoraise est à l’école
En 10 ans, les effectifs scolaires ont augmenté de 45 %
L’immigration clandestine
1/3 de sans papiers
20 % des élèves scolarisés sont sans papier
6000 mineurs étrangers isolés selon la Cimade, 555 pour la préfecture