La Ligue de l’enseignement est fortement impliquée au Maghreb avec Solidarité Laïque. Pourquoi ?
Avec les révolutions arabes et l’évolution de nos sociétés européennes, une évidence est apparue : les sociétés civiles de part et d’autre de la Méditerranée doivent renforcer leurs partenariats notamment pour favoriser l’implication des jeunes dans la vie de leur pays. Il est pour nous évident, surtout dans des sociétés fragiles et en mutation, qu’une démocratie vivante et citoyenne passe par un renforcement du rôle des associations comme corps intermédiaire entre les populations et l’Etat.
Quel bilan tires-tu du Programme Concerté Maroc ?
Ce programme a duré douze ans (2002-2014) et a associé autour d’un même projet plus d’une centaine d’associations françaises et marocaines. C’est un bilan en soi que de mettre autour de la table des acteurs de la société civile aux parcours et aux enjeux divers mais qui se rassemblent autour de projets communs favorisant l’insertion sociale, économique et la participation citoyenne des jeunes. En cela, Solidarité Laïque dispose d’un savoir-faire unique et précieux.
Comment mesurer les résultats concrets de ce programme ?
Le PCM a permis de faire aboutir 54 projets de développement local ou d’animation, 17 groupements coopératifs ou associatifs, 48 conseils de jeunes. Cela crée de l’activité, mais permet aussi à tous ces acteurs de sortir de leur isolement. Des associations qui manquaient de surface ont ainsi pu se développer et gagner en visibilité.
Une nouvelle étape a été initiée en 2011 avec la création du Remajec, le Réseau Marocain de Jeunesse et de Concertation. Saura-t-il renforcer sa position politique et d’influence auprès des pouvoirs publics ? Rendre visible et effective la participation de la jeunesse au fonctionnement social, c’est le défi qu’il doit relever.
Comment la Ligue s’est-elle impliquée concrètement ?
Nous avons co-animé le Pôle Education et Animation dont l’objectif était la lutte contre les déperditions scolaires. Ce groupe de travail a associé 35 partenaires, majoritairement marocains . Nous avons travaillé autour de plusieurs thèmes : accompagnement scolaire, chantiers de jeunes, internats scolaires… Avec, en toile de fond, cette question : en quoi l’éducation non-formelle est-elle un levier de réussite scolaire ? Les sept expérimentations ont conduit à la réalisation d’un « Guide de recommandations » sur le métier d’animateur socio-culturel destiné tant aux associations qu’aux pouvoirs publics.
En Tunisie, Solidarité Laïque est chef de file du programme Soyons actifs/soyons actives. Pourquoi la Ligue y participe-t-elle ?
Avant la chute du régime Ben Ali en janvier 2011, plusieurs organisations membres de Solidarité Laïque, dont la Ligue, avaient de nombreux contacts dans ce pays. Après la révolution, elles ont souhaité, avec Solidarité Laïque comme chef de file, contribuer à renforcer les synergies entre les nouveaux et nombreux acteurs de la société civile tunisienne qui apparaissaient. Pour gagner en efficacité, les membres français et tunisiens du programme ont choisi de concentrer leurs efforts sur ce qui leur semblait être le premier levier pour renforcer le processus démocratique : la réduction des inégalités à la fois territoriales et sociales. Parmi les leviers d’ores et déjà identifiés : la formation, l’éducation formelle et non formelle, l’insertion professionnelle et la citoyenneté.
Quelle est l’implication de la Ligue ?
Le programme est encore très jeune ! Depuis un an, nous sommes dans un groupe de réflexion qui travaille sur la Manouba, dans la grande banlieue de Tunis, avec l’ambition d’identifier des leviers pour créer de l’activité économique, du lien social et de l’insertion pour les jeunes. Notre premier terrain d’action s’est basé à Borj Ennour, une petite commune isolée de 4000 habitants qui est frappée par le chômage, privée de transports publics et qui ne dispose d’aucun lieu d’animation. Le 31 mai 2014, nous avons co-organisé avec les jeunes une rencontre avec la population sur l’avenir de leur lieu de vie. Un carnet de revendications a été formulé et permettra d’engager un espace de concertation entre acteurs de la société civile, autorités publiques et citoyens.
Peux-tu rappeler pourquoi la Ligue est membre de Solidarité Laïque ?
Pour la Ligue, Solidarité Laïque est notre ONG ! La Ligue a besoin de cette ONG qui dispose du savoir-faire et qui partage nos valeurs : laïcité, justice sociale, démocratie participative… Sans Solidarité Laïque, nous ne pourrions pas mettre en œuvre nos actions à l’international. Etre membre de Solidarité Laïque, c’est aussi pouvoir nourrir des liens avec d’autres acteurs laïcs impliqués sur les questions d’éducation.
Depuis 4 ans, nous co-animons aussi avec Solidarité Laïque le programme d’éducation à la solidarité internationale « Pas d’éducation, pas d’avenir ! ». Enfin, plusieurs fédérations de la Ligue collaborent avec Solidarité Laïque sur les actions de solidarité en France au travers du programme Vacances et insertion. Celui-ci s’adresse à des familles démunies et isolées et leur apporte un soutien au départ en vacances.