Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le projet Peerment ?
L’idée initiale était de partager et d’explorer à l’échelle européenne, dans le cadre d’Erasmus +, les méthodes innovantes de mentorat par les pairs (« peer-mentoring) dans l’enseignement de l’éducation au développement durable. Ou comment des enseignants, pas uniquement de la même discipline ou du même horizon, peuvent se soutenir mutuellement et créer des contenus pédagogiques ensemble, en vue de mieux intégrer les Objectifs de Développement durable (ODD) et l’Education au développement durable (EDD) dans leurs enseignements.
Qu’est ce que veut dire le terme « Peerment » ?
C’est la contraction simple de peer-mentoring, en français, on pourrait le traduire par « mentorat par les pairs » et plus pertinemment par « coopération entre pairs ». C’est de la mise en pratique du concept de « communauté de pratiques » théorisé par E. Wenger qu’est né le projet européen PEERMENT : « Après un certain temps et au fur et à mesure que ces personnes partagent leurs connaissances, leurs expertises, ils apprennent ensemble ». Le schéma du projet PEERMENT insiste sur la relation équilibrée horizontale entre les pairs / tous, et à tour de rôle, « mentors et mentorés », « sachants et apprenants ».
En quoi ce type de projet peut-il favoriser l’épanouissement des éducateurs et des enseignants mais aussi amener des changements durables ?
Sur les sujets vifs et d’actualité comme les transitions écologiques, la citoyenneté mondiale… il y a une nécessité de passer de la connaissance et de la conscience à l’engagement personnel et aux actions. Dans ce type de projet, les enseignants se soutiennent mutuellement dans un environnement de confiance, où ils partagent des connaissances et des compétences qui contribuent non seulement à leur développement personnel et professionnel, mais aussi au processus qui leur permet de devenir des visionnaires actifs et acteurs concret d’un avenir durable. Le mentorat par les pairs est aussi une façon d’utiliser tout le potentiel existant déjà au sein des écoles, des établissements scolaires pour garantir l’amélioration professionnelle continue du personnel enseignant. En d’autres termes, le mentorat est un excellent moyen de faire des écoles des « communautés d’apprentissage ».
Pourquoi un projet européen et comment l’avez-vous décliné au niveau national ?
La plus-value était pour nous d’être engagés dans une recherche-action pédagogique avec 5 pays (Malte, Italie, Slovénie, Croatie et nous pour la France) afin d’échanger également entre pairs, sur les approches scolaires du développement durable, des pratiques diverses et de réfléchir la pédagogie de la coopération pour expérimenter le modèle, le tester et capitaliser ensemble au travers de publications. Nous nous sommes en quelque sorte appliqué le concept de peer-mentoring à nous-mêmes et cela nous a enrichi.
Au niveau national, nous avons décliné le projet auprès d’un groupe d’une quinzaine d’enseignants engagés dans l’Education au développement durable. Nous avons créé un espace de dialogue et d’échanges entre pairs et nous avons analysé leurs questionnements, réponses, structurer les échanges afin d’en tirer des enseignements pour l’enseignement du développement durable. Même si le projet s’est concentré sur l’enseignement formel, Solidarité Laïque a vocation à promouvoir les réussites du modèle de peer-mentoring à tous les éducateurs. Ce « modèle » ou cette façon de concevoir l’éducation dépasse le cadre de l’EDD et est transposable à d’autres sujets d’éducation transformative : citoyenneté mondiale, paix…
Comment les éducateurs peuvent-ils participer à cette dynamique ?
Il y a des ressources pédagogiques mis à disposition des éducateurs pour découvrir le peer-mentoring, l’expérimenter. Solidarité Laïque a également produit une étude sur la France : Comment le peer-mentoring contribue à l’Education au développement durable en milieu scolaire ?
Au niveau européen, il existe une communauté européenne d’échanges de pratiques ouverte à tous.
Si vous voulez en expérimenter le peer-mentoring à l’échelle locale ou internationale, contactez l’équipe ECS (éducation à la citoyenneté de Solidarité) de Solidarité Laïque : eas@solidarite-laique.org