Ils sont installés sous des tentes square Jules Ferry, faute de protection de la part des conseils départementaux d’Ile-de-France. Jusque-là, aucune solution ne semble avoir été trouvée. La lenteur administrative rend ces jeunes vulnérables et compromet leur accès aux droits fondamentaux. Après une période très dure liée au contexte du confinement, les jeunes sont souvent épuisés d’attendre un changement qui tarde à venir. Pour pallier un quotidien fait d’ennui et d’angoisses, les Francas leur proposent des sorties culturelles : visites contées, promenades commentées, sorties sportives, cirques, spectacles musicaux et ateliers artistiques.
« J’aime bien participer à ces sorties, on n’a souvent rien à faire au camp »
A travers ces sorties culturelles, les Francas 93 tentent de créer un lien entre ces jeunes et le territoire parisien. Arrivés depuis un an ou quelques mois, beaucoup ne connaissent pas véritablement la capitale mais aimeraient la découvrir. « J’aime bien participer à des sorties, on n’a souvent rien à faire au camp » nous révèle Abdou. Une petite coupure avec le quotidien de la vie à la rue : le temps d’une journée, les jeunes assistent à des spectacles de théâtre, de cirque ou encore musicaux.
« A la sortie du confinement, nous leur avons proposé d’aller voir le Street Art dans le 13e arrondissement, explique Olivier Epron, président des Francas 93. Ils ont tous souffert de cette période, et continuent d’être angoissés par leur situation administrative. Ces sorties leur permettent de s’évader un peu de cela. Nous allons tout au long de l’été leur proposer des sorties. Beaucoup souhaitent découvrir la Tour Eiffel. Nous profiterons de la faible affluence de cet été pour y aller en août. »
« Je n’avais jamais été dans un tel lieu »
Avec une véritable volonté de démocratiser l’accès aux lieux culturels, les Francas 93 invitent les jeunes à découvrir des espaces comme la résidence ouverte de Marion Motin au Parc de la Villette. Au programme : une chorégraphie autour du Boléro de Maurice Ravel. « Je n’avais jamais été dans un tel lieu, je ne pensais pas pouvoir y être sensible n’ayant jamais vu ça, explique Ousmane. Je suis ravi d’avoir pu connaître cette musique dans de telles conditions. ». L’espace d’un instant, ces jeunes ont pu rire et s’évader de leur quotidien.
« Au-delà de la découverte des lieux, nous aimerions qu’ils puissent échanger avec d’autres jeunes, explique Olivier Epron. Prochainement, une formation est prévue avec la photographe Luce Lelevé. Accompagnés d’autres jeunes de la Courneuve, ils vont pouvoir apprendre les bases de la photo avec des appareils photos et l’aide de la photographe . C’est une formation qui bénéficiera à tout le monde et permettra, nous l’espérons, de créer du lien”.
Comme le rappelle Médecin Sans Frontières : « Les personnes se déclarant mineures et isolées doivent être considérées comme des enfants en danger et protégées comme tels, sans distinction de nationalité, jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation. Pourtant, depuis des années, nombreux sont ceux qui se retrouvent privés de la protection des départements et n’ont d’autre alternative que de vivre dans la rue. »
Communiqué de Solidarité Laïque : Mineurs isolés, les grands oubliés – 19 juin 2017
Outil pédagogique : Livret “Stop aux idées reçues sur les enfants et les personnes migrantes” réalisé par Solidarité Laïque, le SNUipp-FSU et la FCPE, avec la participation d’InfoMIE, Centre de Ressources pour les Mineurs Isolés.
Les mineurs isolés sont avant tout des enfants en danger et doivent être protégés comme tous les enfants.