Les jeunes du lycée Feyder remettent leur tribune à l’Observatoire de la laïcité

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Le 24 juin, les jeunes auteurs de la tribune parue dans Le Monde ont été reçus par le Président de l’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco. Un temps fort pour échanger et demander une réponse aux questions qu’ils se posent.

« Sommes-nous moins français parce que nous vivons de l’autre côté du périphérique ? » C’est le titre de la tribune que le Monde a publiée dans ses éditions papier et digitale le 21 juin. Cet événement peu commun qui a suscité l’intérêt des grands media –Europe 1, France Info, Sur-Ouest, Le figaro, Libération… – et des organisations de la société civile qui travaillent à « faire lien » par l’éducation,  a connu une suite heureuse lundi 24 juin. « Nous sommes heureux d’avoir pu contribuer à faire entendre l’indicible, cette parole d’une jeunesse qui constate chaque jour son exclusion et qui redoute de se mettre en colère, a expliqué Alain Canonne, le Délégué général de Solidarité Laïque,  lors de la rencontre entre les jeunes et le représentant de la République. En coordonnant ce projet et en animant cet atelier d’écriture qui a conduit à ce texte, nous sommes au cœur de nos missions sociales.»

« Vous voulez prendre votre place dans cette France que vous aimez »

Durant cette matinée à haute portée symbolique où les élèves ont remis officiellement leur tribune, Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité a apporté une première réponse. « Je retiens six affirmations majeures : vous êtes dans une démarche de dialogue et vous attendez que les adultes vous répondent ; vous refusez d’être enfermés dans la case des « jeunes de banlieue » ; vous avez décidé de prendre en main votre sort ; nous vivons avec des origines différentes et c’est une richesse pour la France ; vous êtes fiers du passé glorieux de la France, mais vous demandez à ne qu’on n’oublie pas la richesse de toute notre histoire ; vous voulez prendre votre place dans cette France que vous aimez ; nous sommes tous des concitoyens. » Et de conclure avec émotion :  « Merci à vous pour cette déclaration d’amour à la France ».

 

« Notre parole est-elle en train de passer le périphérique ? »

En retour, les élèves ont réaffirmé qu’ils avaient besoin qu’on leur réponde. Tout en se félicitant d’avoir pu conduire à bien ce projet porté avec Solidarité Laïque. « Notre texte passe de main en main. Hier, nous étions en direct au journal du soir sur Europe 1 et chaque jour amène de nouvelles sollicitations. Quelque chose est-il en train de se passer ? Notre parole est-elle en train de passer le périphérique. Nous qui avions peur de notre colère parce que peur de ne pas être entendus ou à nouveau enfermés dans des stéréotypes, c’est une victoire. C’est aussi une victoire pour nos parents  qui se sont tus trop longtemps, mais aussi pour nos camarades qui ont renoncé à faire entendre leur réalité qui n’intéresse pas», a affirmé Soumia, une des élèves rédactrices.

 

« Est-ce bien eux qui ont écrit ? »

A la question d’un des journalistes présents pour l’événement, « est-ce bien eux qui ont écrit ? Est-ce bien leurs mots ? », une des enseignantes a répondu : « Cette question me met en colère car elle en dit long sur les stéréotypes qui circulent encore sur la banlieue… ». Et Anissa, une autre élève de compléter : « Nous avons travaillé pendant 6 mois. Notre objectif était d’être entendus et cela a donné lieu à beaucoup de débats. Chacun a finalement écrit sa tribune puis nous nous sommes mis d’accord sur un texte, que nous avons enrichi, malaxé, transformé. L’intervention de Solidarité Laïque qui nous offrait cette audience, et l’atelier d’écriture, puis le travail sur document partagé a permis d’aller jusqu’au bout. On n’y croyait pas, quand Solidarité Laïque nous a dit que Le Monde avait dit oui. »

 

« J’ai vu des jeunes animés du désir de vivre ensemble »

Mandioukette N, qui a animé l’atelier, se réjouit lui aussi de ce travail. « Lors de cet atelier d’écriture animé avec Solidarité Laïque, j’ai été frappé par le désir très fort des jeunes de vivre ensemble. J’ai entendu de la colère mais pas de haine. J’ai vu des jeunes qui voulaient apporter leur part du gâteau, plutôt que de réclamer leur part. J’espère que cela sera entendu. »  Et Anne-Marie Harster, Présidente  de Solidarité Laïque, de conclure : « Votre parole est essentielle parce que nous sommes tous des enfants de la République. Il faut que nous arrivions à arrêter de dire « vous et nous » et nous entendons continuer à soutenir ces démarches qui font lien, qui font rencontre. Notre responsabilité est maintenant de faire en sorte que d’autres vous répondent, qu’un vrai dialogue s’installe pour que les choses changent.»

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