Chaque année, la Coalition Education dont Solidarité Laïque est chef de file, publie l’Observatoire de l’aide française à l’éducation dans les pays en développement. Cet outil de suivi permet de constater des tendances données sont récurrentes d’une année sur l’autre : l’Observatoire dénonce la faiblesse mais également la mauvaise répartition géographique de l’aide.
La France a repriorisé après 2015 dans sa politique de coopération internationale l’éducation, notamment lors du Comité interministériel sur la coopération internationale pour le développement de février 2018 et à travers sa contribution significative au Partenariat Mondial pour l’Education. Avec l’Observatoire de l’aide française à l’éducation dans les pays en développement intitulé « Aide française à l’éducation : des avancées en demi-teinte » , il s’agit surtout mesurer la détermination politique de notre pays à faire de l’éducation une vraie priorité d’action.
Si l’éducation semble prioritaire en volumes, dans les faits elle ne l’est pas, l’éducation de base, ne représente que 2% de l’aide à l’éducation bilatérale !
Pourquoi ? Car les 2/3 restants sont affectés à l’enseignement supérieur notamment les frais d’écolages, somme contestable au regard de la solidarité et de « l’aide au développement ». Le problème n’est pas l’accueil d’étudiants étrangers en France, mais le fait que si peu d’argent soit consacré à l’éducation de base. L’Observatoire dénonce la faiblesse mais également la mauvaise répartition géographique de cette aide : moins de 26% de l’aide bilatérale de la France à l’éducation sont alloués à l‘Afrique subsaharienne. Le rapport pointe également l’insuffisance de l’aide allouée à l’éducation de base dans les pays du Sahel qui figurent parmi les plus vulnérables au monde et les grandes priorités de la France, notamment avec le lancement de l’Alliance Sahel en juillet 2017. Malgré les discours forts de la France sur les pays du Sahel, en particulier avec le G7 accueilli par la France en 2019 qui a mis l’accent fort sur cette région du monde, ces pays ne reçoivent que 14,2 % de l’aide bilatérale française à l’éducation pour soutenir l’enseignement de base. Or nous savons l’importance d’investir dans les services sociaux essentiels pour dépasser une crise sécuritaire et humanitaire grave, car l’éducation est un outil pour bâtir une paix durable.
Certes l’observatoire n’est qu’un outil, certes en tant qu’organisation de la société civile nous obtenons avec un décalage dans le temps d‘un an les chiffres déclarés par la France avec l’OCDE, cependant les tendances que donnent l’Observatoire sont réelles car récurrentes d’une édition à l’autre puis la première édition en 2015. Elles démontrent que la France doit revoir l’allocation de son aide et concentrer ses efforts sur les pays où la crise de l’éducation reste la plus profonde.
Nous demandons à la France d’allouer 15% de l’aide totale à l’éducation
Dans le cadre du renouvellement de la politique de coopération et de l’augmentation de l’Aide publique au développement française, nous demandons à la France d’allouer 15% de l’aide totale à l’éducation, et de consacrer l’intégralité des montants additionnels à l’enseignement de base dans les pays d’Afrique subsaharienne et les pays pauvres prioritaires de l’aide, en mettant la priorité sur les populations les plus vulnérables.
Ce n’est qu’à l’épreuve des chiffres et des décaissements réalisés que nous pourrons véritablement mesurer la portée et la cohérence des discours et engagements politiques.
Carole Coupez, Déléguée générale adjointe à Solidarité Laïque
A propos de la Coalition Education: La Coalition Éducation est un collectif de 16 organisations de la société civile françaises – syndicats et ONG – qui vise à promouvoir le droit à l’éducation inclusive de qualité pour toutes et tous, dans les pays en développement.Plus d’information sur www.coalition-education.fr