Jean-Marie le Guen, a déclaré jeudi dernier que « la France agira contre toutes les tentatives de marchandisation de l’éducation » dans la coopération internationale. Il a ajouté que la France considérait que l’éducation est « un service public » et « un bien commun qui ne doit pas être monnayé ».
La déclaration de M. Le Guen a été faite à l’occasion du lancement du rapport annuel du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur le développement humain. Cette position constitue un engagement majeur de la France dans un contexte de privatisation et de marchandisation massive de l’enseignement primaire et secondaire à travers le monde, particulièrement dans les pays pauvres. Elle se différencie notamment de celle de la Grande-Bretagne qui a promu le développement d’écoles privées à travers son aide au développement, en particulier en finançant des entreprises multinationales avec des investissements Britanniques, telles que Bridge International Academies.
Hélène Ferrer, coordinatrice de la Coalition Education, a réagi : « Nous saluons la position sans ambiguïté exprimée par M. Le Guen contre la marchandisation de l’éducation. Cela conforte les efforts entrepris par la France pour promouvoir des systèmes éducatifs qui soient respectueux des droits humains. Nous allons maintenant travailler avec le ministère et nos partenaires à travers le monde pour s’assurer de l’effectivité de cet engagement. »
En novembre 2016, plus de 300 organisations de la société civile issues de 38 pays avaient présenté un Appel de la société civile francophone contre la marchandisation de l’éducation. Cet Appel avait convaincu les chefs d’Etats et de gouvernement des pays de la Francophonie à demander à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans la Déclaration d’Antanarivo de « prendre des mesures pour promouvoir des dispositifs institutionnels efficaces de régulation des acteurs privés de l’éducation ».
Carole Coupez, déléguée à l’éducation à la citoyenneté à Solidarité Laïque, a ajouté : « Nous sommes ravis que la France ait répondu aux demandes des organisations à travers le monde francophone qui sont témoins chaque jour de l’avancée et des impacts de la marchandisation actuelle de l’éducation. Celle-ci remet en cause la réalisation du droit à l’éducation dans de nombreux pays, et la France a un rôle important à jouer pour promouvoir un autre modèle de développement. »
La déclaration de M. Le Guen confirme la position de la Stratégie française 2017 – 2021 pour l’éducation, la formation professionnelle et l’insertion publiée vendredi dernier, dans laquelle la France s’engage à « renforcer le rôle régulateur de l’Etat […] notamment pour l’encadrement du secteur privé et prévenir les risques de marchandisation de l’éducation ».
Jean-Hervé Cohen, président du Comité Syndical Francophone de l’Éducation et de la Formation, a commenté : « Nous attendons désormais que ces positions soient mises en œuvre de manière vigoureuse. La France doit maintenant, à travers toutes ses instances de coopération, du Ministère des Affaires Etrangères à l’Agence Française de Développement (AFD), en passant par son bras armé pour le privé, Proparco, s’abstenir de tout soutien à des écoles privées marchandes, et engager des actions concrètes pour promouvoir des systèmes éducatifs publics de qualité. »
Signatures :
- Coalition Education
- Comité Syndical Francophone de l’Éducation et de la Formation
- Fédération Internationale des CEMEA
- Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights
- Right to Education Project
- Solidarité Laïque
En savoir plus :
- Appel de la société civile francophone contre la marchandisation de l’éducation : http://bit.ly/2fNfJD
- Version courte de l’Appel : http://bit.ly/2gfusmO
- Déclaration d’Antanarivo de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’OIF : http://bit.ly/2n2jkQe
- Stratégie française 2017 – 2021 pour l’éducation, la formation professionnelle et l’insertion : http://bit.ly/2nQmKa5
Retrouvez le communiqué de presse du réseau contre la marchandisation de l’éducation