Ce fut un temps fort d’échanges et de rencontres constructives. L’enjeu : ancrer sur les territoires et auprès des partenaires la démarche initiée depuis le tremblement de terre pour améliorer l’éducation. Ils reviennent sur cette mission riche en perspectives humaines.
Florian Lascoux, pour le SNES/FSU
La FSU a décidé de reconduire pour trois ans son engagement dans le projet PROCEDH. La première raison tient à la thématique du projet : dans un pays en proie à des maux chroniques (instabilité politique et corruption, extrême pauvreté, catastrophes naturelles, dépendance forte vis-à-vis de l’étranger…), l’Education est un levier central à activer. Pour faire réellement avancer les choses, embrasser l’ensemble de la question est une ambition nécessaire : mieux former les enseignants, mais aussi les autres personnels intervenant dans les établissements, mieux faire comprendre aux parents l’intérêt de la scolarisation, convaincre également les autorités de l’intérêt de l’investissement et du dialogue…
La seconde motivation tient à la philosophie du projet, notamment deux grands principes. Tout d’abord, regrouper des acteurs de secteurs et de cultures différents confère au projet une grande richesse, surtout lorsque ce principe s’applique aux acteurs français et haïtiens. D’autre part, concevoir un projet qui laisse une grande latitude aux acteurs haïtiens pour décider des actions qu’ils jugent les plus utiles, est la marque d’une démarche courageuse et responsable, tournant le dos à la facilité.
Le chemin sera long et semé d’embûches, mais le récent comité de pilotage franco-haïtien a été l’occasion de vérifier la forte motivation de l’ensemble des acteurs, leur disponibilité pour se mettre au service du collectif, tous ensemble tournés vers un objectif qui nous transcende, l’Education.
Anne-Marie Harster, pour la MGEN
« Innovation et enthousiasme : les acteurs du PROCEDH sont nombreux et possèdent des talents à démultiplier ensemble pour le développement de l’éducation en Haïti.
Une nouvelle phase de ce projet collectif est lancée, comment maintenant rendre cette initiative plus durable ? Tous pensent qu’il est nécessaire de traiter la question dans son ensemble. Pour cela des espaces de concertation vont être ouverts dans 4 territoires. Des projets seront conçus et articulés avec les politiques du pays.
S’engager dans ce projet nécessite de regarder vers le long terme et de prendre le temps d’impliquer tous ceux qui sont parties prenantes de l’éducation : en amont traiter les questions logistiques et culturelles qui conditionnent un bon accueil des enfants et des jeunes, en aval faciliter l’insertion professionnelle et sociale, en permanence concrétiser les valeurs communes : réciprocité, respect des cultures, solidarité.
Nos partenaires haïtiens sont des exemples de courage et de détermination, ils ont l’intelligence de leur matériau, ils nous apprennent la patience. Notre engagement appelle à la responsabilité pour ne pas décevoir, pour être à la hauteur de toux ceux qui nous font confiance : des bénéficiaires du programme jusqu’aux ministères qui nous soutiennent.
Ce projet est générateur d’énergie parce qu’il est porté par la force d’un collectif qui sait exister malgré les divergences et les difficultés rencontrés. Nous revenons en France nourris de cette humanité partagée. »
Gaby Clouet, pour l’Amicale laïque de Couëron
Cette mission nous a permis de rencontrer les acteurs forts des sociétés civiles haïtienne et française : institutionnels, représentants associatifs, syndicaux et mutualistes, etc. (…) Au-delà des actions que nous menons en vertu d’un idéal humaniste, ce sont les modifications de cet humanisme qui me façonnent. Notre partenariat avec le foyer de Roseaux nous offre l’opportunité d’abandonner la posture de « ceux qui savent » pour s’ouvrir à ce que nous enseignent ceux à qui l’on pensait apporter ! Ce sont les Hommes dans leurs différences qui font l’Humanité. Je savais sans doute le penser. J’ai appris à le vivre, ici comme là-bas. Quand le « vivre ensemble » progresse par une plus grande attention à l’autre, quand une solidarité là-bas engendre la solidarité ici : ce sont nos valeurs laïques qui s’enracinent !
Jean-Louis Sabatié, de l’ADFE-Français du monde
« Au long des chemins vers Dame Marie les écoliers vont. Leurs uniformes colorés et bien repassés, les nœuds assortis éparpillés sur les têtes des filles témoignent de l’intérêt porté par leurs parents à l’enseignement et du coût assumé pour leur éducation. (…)
Comment ne pas les décevoir ? Comment assurer un enseignement de qualité pour tous ? La formation des enseignantes et enseignants certes mais aussi leur statut, des moyens décents d’existence, l’équipement des écoles, les fournitures indispensables, demain les TNI. Unir les efforts des pédagogues, des parents, des élus, des enfants et aussi les bonnes volontés de la société dite « civile » sans oublier ceux qui offrent des emplois, tel est notre projet partagé.(…) Des liens sont à nouer et à consolider dans la communauté éducative. »