Mais un jour qu’on ne saurait dater, qu’on ne peut dater tant il remonte loin, est apparu le désir d’en prendre plus, d’en demander plus, d’en accaparer davantage, d’en disputer davantage aux autres, de thésauriser, de coloniser, de détruire ce qu’on ne peut pas posséder, de détruire pour posséder davantage ; un jour sont apparus, l’impérialisme, l’esclavage, les guerres, le racisme, la domination, la croissance, la colonisation, la haine de la nature qu’il fallait contrôler, des fleuves qu’il fallait dévier, canaliser, des mers qu’il fallait dominer, des frontières qu’il fallait repousser, des différences de classe. Et puis sont arrivés la mécanisation, l’engraissement des terres, la productivité, l’amélioration des rendements, les matériaux synthétiques, l’amplification des taux de croissance, le libéralisme économique, la production d’énergie fossile ou nucléaire. On a puisé le sang de la terre, on a pollué jusqu’à notre propre sang, on a détruit les autres espèces qui pourtant travaillaient pour nous, en en faisant des concurrentes.
Un jour, on a oublié de regarder ce que la Terre hurlait à nos oreilles, on s’est bouché les yeux, les oreilles au savoir, à l’éducation et même au bon sens, à la transmission de l’expérience. Un jour on a négligé ce bien essentiel qui pourtant commençait à se rendre utile… L’éducation !
La capacité de partager une vision du monde, un savoir commun, à entendre ensemble les alertes de plus en plus fortes que nous lançait la terre, la mer, l’atmosphère, les autres espèces agonisantes. On a enseigné les sciences, la technologie, le commerce, le marketing, la productivité, la “communication”, oui même la communication. Mais enseignons-nous ce dont nous avons un réel besoin ?
On a oublié d’enseigner à se respecter, à respecter le monde qui nous entoure, d’enseigner que les ressources ne sont pas inépuisables, que l’accumulation de nos déchets tue, qu’équilibrer nos appétits est vertueux et nécessaire.
L’éducation… Oui nous en revenons là. Enseigner ce qui peut nous sauver, éduquer pour survivre, pour enfin remplir le rôle que l’Homme se doit d’avoir sur cette planète, celui d’un être conscient et responsable, digne d’être le chaînon entre les générations d’avant et celles du futur, en adoptant une nouvelle façon de vivre, une nouvelle société, une société idéale, une société de rêve, qui se dispenserait du superflu pour jouir du nécessaire… La société de demain !
Alain Canonne et Carole Coupez
Délégation Générale de Solidarité Laïque
Photo de Junior Mvunzi, artiste plasticien.
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