Gaza – Solidarité contre les massacres, construisons la paix !
Solidarité Laïque, 5 mars 2024.
De nouveau, nous alertons sur les violations insupportables des droits humains, en particulier des droits des enfants et du Droit à l’Education.
Depuis le 7 octobre, le droit à l’éducation de 625 000 élèves de la bande de Gaza est dénié, violé. De nombreux étudiant.e.s et universitaires Palestinien.ne.s subissent aussi des discriminations ou des entraves à leur droit d’apprendre ou d’enseigner dans des universités à l’étranger. Les faits sont réels et documentés.
En tant qu’Union d’organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de l’éducation, formelle, populaire et inclusive, attachée à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) et défendant partout dans le monde ce droit universel, nous ne pouvons pas nous taire.
“L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.”
DUDH : Article 26. 2
Nous appelons au respect du droit universel d’apprendre à tout âge de la vie, du droit pour les enfants à se développer.
Nous demandons que le droit international humanitaire de protection et de stabilisation en situation de conflit soit préservé.
Les derniers chiffres sur les attaques scolaires et contre le système éducatif révèlent des dommages irréparables, entraînant la perte de vies humaines parmi le personnel éducatif, les élèves, et les étudiant.e.s.
- Selon le ministère de l’éducation, au 2 avril, plus de 5 479 élèves et 261 enseignant.e.s ont été tué.e.s dans la bande de Gaza, ainsi que plusieurs Président.e.s d’universités et plus de 4 000 étudiant.e.s.
- Au 30 mars, le Cluster Education estime que 87,7 % des bâtiments scolaires de Gaza ont été endommagés ou détruits.
- Près de 400 établissements scolaires, soit plus des trois quarts des écoles de la bande de Gaza, ont été gravement endommagés ou complètement détruits, privant ainsi 625 000 enfants d’éducation.
- 4 campus universitaires ont été totalement détruits et 10 autres partiellement détruits privant plus de 90 000 étudiant.e.s d’accès à l’éducation
- Une dizaine de bibliothèques pour toutes et tous ont été détruites.
Ces dommages plus silencieux dépassent les enjeux matériels ou institutionnels. Certains emploient aujourd’hui le terme d’“éducide” car l’École ne peut pas jouer pas son rôle crucial de protection, pour des milliers d’enfants qui ont perdu leurs parents, qui ont été séparé.e.s (17 000 enfants non accompagnés de leur famille) et/ou déplacé.e.s. Tous.tes ont subi des traumatismes de guerre qui nécessitent une prise en charge en santé mentale ou en suivi psychologique.
Pour Neve Gordon, professeur de droit à Londres et Lewis Turner, maître de conférences en politique internationale à Newcastle, la destruction massive d’écoles et les entraves à l’enseignement supérieur constituent une forme d’“éducide” qui, selon le langage de la Convention sur le génocide, peut être comprise comme la destruction totale ou partielle du système éducatif.
Hélas, aujourd’hui à Gaza, il n’y plus aucun endroit protégé, ce qui rend toute tentative d’action en faveur de l’éducation en situation humanitaire ou de protection impossible. Or, les études démontrent que l’éducation dans les situations d’urgence doit être engagée dès la première phase de la réponse humanitaire.
De surcroît, les entraves ou les exclusions à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle des Palestinien.ne.s empêchent le développement de compétences et l’espoir de construire une paix durable par l’éducation.
Internationale des Services Publics – Internationale de l’Éducation, 13 mars 2024.
Nous enseignant.e.s, éducateurs.trices, associations et organisations d’éducation, dénonçons toute forme de violence et appelons à :
– Décréter et mettre en œuvre immédiatement un cessez-le-feu inconditionnel
– Libérer immédiatement de façon sûre et inconditionnelle tous les enfants enlevés et cesser les violations graves des droits des enfants
– Protéger les droits fondamentaux des personnes touchées par le conflit, dont le Droit à l’éducation, en particulier les enfants, les jeunes et les étudiant.e.s
– Respecter le droit international humanitaire, les ordonnances de la Cour internationale de Justice pour l’aide humanitaire (aide alimentaire, services essentiels dont la délivrance et l’accès aux soins) et protéger également les travailleurs humanitaires
– Rétablir d’urgence le financement de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
– Mettre fin aux attaques contre l’éducation et mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, la résolution 2601 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la protection des écoles en période de conflit armé ainsi que les lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire pendant les conflits (Safe Schools Declaration & Guidelines for Protecting Schools and Universities from Military Use During Armed Conflict)
Sources : Education Cannot Wait, Global Education Cluster, UNICEF, avril 2024.