J’entendais ma mère :
“ Laissez-le passer ! “ en hurlant à plusieurs reprises sur les personnes qui me poussaient et se bousculaient pour rentrer dans le bateau. Il faisait nuit noire. J’étais enrobé dans le voile de ma mère et je n’entendais que des cris et des pleurs incessants tout autour de moi. Je sentis une main m’agripper soudainement et me soulever pour me reposer l’instant d’après. Je retirai le voile. J’étais sur le bateau, enfin. Je regardais ma mère qui elle, était restée sur la plage et la voyais pleurer au loin. J’étais serré entre des dizaines de personnes et je commençais à avoir de plus en plus de mal à respirer. Puis soudain un bruit métallique frotta le bateau, et on démarra…
Il était 6h00 lorsque je m’étais réveillé. Nous étions entassé, j’étais collé à une femme très maigre. Je me relevai, et à l’arrière du bateau, une personne nageait, dans l’eau. Elle était sûrement tombée mais on ne pouvait rien pour elle. Elle finirait sa pauvre vie ici, noyée.
“Pourquoi moi ?” s’écriait-elle en nageant de ses dernières forces. Eh oui justement, pourquoi elle ? Alors que des milliards de personnes vivaient normalement sans se préoccuper de nous. Pourquoi ne naissons-nous pas libres et égaux ? J’espère pouvoir répondre à cette question en arrivant enfin. Je voulais juste savoir :
“ A quelle heure on arrive ?”
Ce texte a été proposé dans le cadre des concours des écrits pour la fraternité organisé par la Ligue des Droits de l’Homme. Chaque année Solidarité Laïque est membre du jury de ce concours. Solidarité Laïque a fait le choix de publier certains des écrits proposés pour donner un écho à ces textes humanistes.
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