Pour lutter contre la marchandisation de l’éducation, des experts de l’éducation du monde entier se sont réunis à Abidjan. Le 13 février, des principes historiques régulant la marchandisation de l’éducation ont été adoptés. Ils visent à renforcer les efforts existants pour assurer que le droit à l’éducation de chacune soit protégé dans le contexte de l’accroissement, et souvent de la non-régulation, de l’implication des acteurs privés dans l’éducation.
L’accès à l’éducation requiert à la fois une éducation publique forte et la régulation du secteur privé.
L’éducation est un marché qui représente plus de 50 milliards de dollars. Le Partenariat mondial pour l’éducation a identifié 28 sociétés, venues pour l’essentiel des Etats-Unis et du Royaume Uni, qui ont mis en œuvre une stratégie pour installer des écoles privées dans les pays en développement, notamment en Afrique subsaharienne. Leur objectif n’est pas de dispenser un enseignement de qualité, mais de maximiser leurs profits. Dans ces écoles, les enseignants sont souvent peu ou pas formés, mal rémunérés et confrontés à des classes surchargées. Les programmes scolaires sont standardisés et pensés de façon unilatérale depuis un pays du Nord. Ces écoles présumées « à bas coûts » imposent des frais d’inscription prohibitifs pour les plus pauvres. Les familles paient au jour le jour et quand la journée d’école n’est pas réglée, l’enfant est tout simplement renvoyé chez lui.
Si chaque pays doit faire face à des problématiques bien spécifiques, l’accès à l’éducation requiert à la fois une éducation publique forte et la régulation du secteur privé.
Les principes d’Abidjan, un outil indispensable qui précise les obligations des Etats et régule les acteurs privés dans l’éducation
Lors de cette réunion à Abidjan, la Professeure Ann Skelton présidant le Comité de rédaction, et la Chaire UNESCO sur la loi relative à l’éducation en Afrique, a affirmé “Jusqu’à aujourd’hui, ceux qui sont responsables de garantir le droit à l’éducation manquent de clarté sur ce que le droit international des droits de l’Homme dit concernant l’implication des acteurs privés dans l’éducation, conduisant souvent à des effets négatifs involontaires et évitables.”
“Les Principes d’ Abidjan compilent et réaffirment les obligations juridiques des Etats dans un document. Ils ont aussi été développés pour répondre aux impacts néfastes et bien documentés qui sont souvent le résultat de la commercialisation de l’éducation.”, a ajouté Samuel Dembele, le président d’ANCEFA.
En écho, Dr Kombou Boly Barry, la Rapporteure spéciale des Nations-unies sur le droit à l’éducation, une des experts consultée, a déclaré : “Les Principes d’ Abidjan sont juridiquement rigoureux et s’attaquent à des défis très réels dans la délivrance d’une éducation publique gratuite, inclusive de qualité, en faisant un outil indispensable à tout Etat considérant sérieusement le droit à l’éducation.”
Les Principes d’Abidjan explicitent les obligations des Etats de fournir une éducation publique, de respecter les libertés et la dignité dans l’éducation, et de réguler les acteurs privés dans l’éducation. Le texte final des Principes d’Abidjan sera disponible après relecture à la mi-mars 2019.
Retrouvez le communiqué de presse
A propos du combat de Solidarité Laïque :
La marchandisation de l’éducation est une tendance massive à l’échelle mondiale qui menace l’accès de chacun et chacune à une école publique, gratuite et de qualité. Avec la campagne #NeVendezPaslEducation, Solidarité Laïque et d’autres ONG du monde entier alertent les politiques sur les dangers d’une dérégulation de ce secteur. L’éducation n’est pas un secteur lucratif, elle doit être accessible à toutes et tous.