Pour Saliha Bellal, l’égalité est une lutte qui remonte à l’enfance. Du haut de ses 42 ans, la jeune déléguée départementale de Solidarité Laïque de Belfort mesure le chemin parcouru, à la tangente d’un destin qui s’annonçait tout différent. Se présentant comme « un pur produit de l’immigration », cette aînée des six filles d’une fratrie de 10 enfants, arrivée en France de sa Kabylie natale à 6 ans, a vite intégré le sens de la devise républicaine.
Inventer de nouveaux modèles
« Liberté, égalité, fraternité sont des notions que je me suis appropriées. L’égalité, d’abord, entre les filles et les garçons. Je suis issue d’une famille attachée aux traditions. Les filles avaient beau être en majorité, à la maison, ce sont les garçons qui décidaient. Cela m’a valu quelques coups, mais je refusais de les servir. Ils sont éduqués en maîtres, et la soumission des filles est perpétuée par les mères. » Un schéma que Saliha n’a surtout pas reproduit dans sa propre vie de famille : « J’ai une fille de 20 ans et un garçon de 10 ans. Ils sont très indépendants. J’ai parfois l’impression de n’être là que pour faire bouillir la marmite ! Je les ai poussés vers l’autonomie, c’est important. »
Lutter pour l’égalité sur tous les fronts
De cette enfance marquée par une émancipation précoce, Saliha garde un engagement fort et résolu en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Directrice d’une résidence sociale, elle se bat aussi pour améliorer le sort des personnes en difficulté. « Travailler en faveur de l’humain est au cœur de ma philosophie ». Une ambition qu’elle porte haut et fort au sein de Solidarité Laïque. A peine arrivée à la fédération de Belfort, en 2005, elle s’est investie dans l’action Vacances et insertion, menée en partenariat avec l’ANCV, pour permettre aux personnes des quartiers populaires et aux travailleurs pauvres de pouvoir partir en vacances.
Pour une action dans la durée et des résultats
Si elle porte plusieurs combats, Saliha est une femme entière et n’aime pas la dispersion. « Quand je suis arrivée à Solidarité Laïque, j’étais administratrice à la Sécurité sociale et à la Caf. J’ai laissé tous ces mandats pour me consacrer totalement à l’association, parce que j’ai vu qu’elle était dans le concret. C’est ce que je recherchais : l’action dans la durée, les résultats. Partage, solidarité, égalité, et l’humain d’abord, je me reconnais totalement dans ses valeurs. »