Les freins au développement sont en effet multiples pour ce pays du Sahel : pauvreté généralisée (la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté) avec un indice de développement humain les plus bas de la planète et une espérance de vie de seulement 50 ans. A cela s’ajoute une pression démographique prégnante par rapport à la moyenne africaine.
Le pays doit gérer des tensions à la fois internes et externes. Internes d’abord puisque les crises communautaires et les tensions ethniques exacerbent les violences. Externes ensuite puisque le Tchad se situe au cœur d’un ensemble régional instable. Les pays voisins sont en conflit : Libye, Centrafrique, Soudan et Nigeria. Le pays fait donc face à une crise humanitaire importante avec l’accueil de centaines de milliers de réfugiés du Darfour et d’Afrique centrale.
Malgré la priorisation de l’éducation par l’Etat grâce aux revenus de l’exploitation pétrolière, le système éducatif reste très faible. La proportion d’enfants d’une génération qui accèdent un jour à l’école est de seulement 64%. Près de la moitié des jeunes (6-24 ans) n’a jamais été inscrite à l’école.
La question de l’éducation, un enjeu crucial
Pour le Tchad, l’éducation pour tous reste une utopie. A peine 4 enfants sur 10 finissent un cycle complet de scolarisation primaire. Le nombre d’exclus n’a que peu évolué depuis 10 ans malgré les efforts de l’Etat pour reconstruire les bâtiments scolaires et recruter des enseignants. Le milieu rural est particulièrement touché.
De nombreux familles renoncent ainsi à l’éducation de leurs enfants par coût ou parce que le système éducatif formel ne répond pas à leurs attentes. Difficile de convaincre de l’utilité de l’éducation dans un pays où près de 80% de la population de 15 ans et plus est analphabète. L’accès à l’école ne parvient pas non plus à protéger du sous-emploi ou de la précarité.
Parmi les plus touchés : les filles mais aussi les enfants et les adolescents des zones rurales. Mais ce sont surtout les enfants des familles pauvres et très pauvres qui ont le moins de chance d’accéder à l’école ou d’y rester.
La qualité très médiocre de l’école
Les conditions matérielles de scolarisation et d’enseignement sont un des obstacles visibles à la scolarisation de tous : manque d’infrastructures, bâtiments délabrés (pour la moitié des écoles primaires), 1 manuel scolaire pour 3 écoliers… et de très fortes inégalités dans la répartition des moyens humains et des ressources. Certaines classes ont des effectifs pléthoriques et le ratio maître-élèves varie de 36 élèves pour 1 maître dans l’Ennedi à plus de 107 élèves dans le Kanem.
Dans ce contexte d’inégalités fortes et structurelles d’accès au droit à l’éducation, la qualité de l’éducation très médiocre. En témoignent les forts et constants problèmes d’abandon et de redoublement (un quart des écoliers du primaire redouble) et ce à tous les niveaux de scolarisation.
Les taux de réussite particulièrement bas déjà en 2000 s’aggravent dans le temps. Seuls 38% des écoliers du primaire achèvent correctement ce cycle (contre 81% au Bénin) et seule la moitié d’entre eux sait lire aisément. Le pays est parmi les derniers des classements internationaux d’acquisition des connaissances élémentaires. De surcroit, ceux qui sortent du système scolaire ne sont pas suffisamment préparés à affronter le marché du travail, très précaire et majoritairement informel.
Instabilité politique, sous-formation des enseignants, développement d’écoles communautaires, contexte social fragile, tensions identitaires, l’éducation au Tchad est victime de tous les maux. Pourtant, les aspects positifs ici et là (éducation pour la paix ou réduction du risque de pauvreté selon de le niveau d’instruction), portent à croire à l’importance de soutenir l’éducation publique et de tourner son regard vers ce pays oublié et surtout vers sa jeunesse.
Participez à la Rentrée Solidaire avec les enfants du Tchad.