Le contexte international est trouble, marqué par des tensions, une tendance au repli de certains Etats sur eux-mêmes, le renforcement des inégalités en France et dans le monde et les effets du changement climatique de plus en plus visibles. Pourtant, une déclaration internationale engageant tous les pays, les entreprises, les acteurs de la société civile et les territoires projette une vision aux antipodes de ces crispations. Les Objectifs de Développement Durable (ODD) dessinent une feuille de route commune à l’horizon 2030 pour assurer la paix et la prospérité pour les peuples et la planète, avec l’ambition de « ne laisser personne de côté ». Cette déclaration traduit de façon concrète les conclusions du Sommet Rio+20 les nécessités d’un développement partagé et équitable, les limites environnementales, les droits et la dignité de chacun.e. Cet Agenda 2030 demande des transformations importantes des approches politiques, techniques et économiques dans tous les pays.
Quelle voie prendrons-nous ?
La France n’a cependant pas mis en place de plan pertinent et efficace. Deux ans sont passés depuis la signature des ODD par les Etats et la société civile doit toujours rappeler à la France l’importance d’impulser une stratégie crédible visant à mettre en œuvre ces 17 objectifs. Des engagements prometteurs avaient pourtant été exprimés il y a un an à la tribune des Nations Unies : mise en place d’un plan d’action interministériel pour mobiliser l’ensemble des acteurs publics à la mise en œuvre de ces objectifs ambitieux ; création d’une structure de gouvernance nouvelle impliquant tous les acteurs pour permettre un suivi transparent et formuler des recommandations ; mise en place d’outils de sensibilisation des citoyens aux impératifs du développement durable. Aucun de ces 3 chantiers n’a avancé en plus d’un an.
Où en est-on ? La nomination de Nicolas Hulot a représenté un espoir à double titre pour les acteurs de la société civile engagés sur cet enjeu : prise en compte des interconnections entre questions environnementales, sociales et économiques reflétée par le nouvel intitulé du ministère (transition écologique et solidaire), et clarification du rôle du ministre dans la mise en œuvre des ODD. Toutefois, en l’absence d’impulsion politique de haut niveau et de directive claire donnée à l’administration, les chantiers précédemment cités n’ont pas avancé. Situation d’autant plus frustrante que de nombreux acteurs se sont saisis rapidement de la logique de cet agenda et des impératifs transversaux du développement durable, qu’il s’agisse de territoires, d’initiatives citoyennes, d’actions associatives ou d’efforts de la part d’acteurs économiques pour adopter des politiques de responsabilité sociale et environnementale à la hauteur des ODD.
Nous, acteurs de la société civile dans toute sa diversité, appelons l’Etat à engager urgemment la mise en œuvre de l’agenda mondial pour le développement durable de façon concrète, cohérente et inclusive, condition nécessaire à l’émergence d’une dynamique réellement collective autour des ODD et à la création de leviers permettant de démultiplier l’impact des transformations nécessaires.
Cette tribune est signée par Coordination Sud dont Solidarité Laïque est membre.