“Saint-Louis, Sénégal. Il est 13 heures, et les enfants, sur le retour de l’école, affluent de part et d’autre. Très rapidement les nattes sont dépliées, et on y voit les uns et les autres s’asseoir et partager leur repas, sous le regard protecteur de l’équipe d’éducateurs ”, nous raconte Marjolaine Tassin, partie en volontariat internationale à l’association Liane pour Solidarité Laïque. L’après-midi, ces enfants reprendront le chemin de l’école. D’autres, pour les plus âgés, iront rejoindre leur centre de formation professionnelle ou l’atelier dans lequel ils sont insérés. Un petit ne reprendra pas, lui, le chemin de l’école : il vient d’arriver et est encore en observation. Cet enfant talibé vient de fuir l’ école coranique ou “daara” et mendie dans les rues toute la journée. Dehors, se trouve un mini-bus, qui permet à l’association d’aller à la rencontre de ces enfants laissés à leur propre sort. “
Sortir les jeunes de la rue
Ils seraient au moins 50 000 enfants talibés âgés entre 5 et 15 ans à être exploités dans tout le Sénégal. Condamnés à la mendicité, ils rapporteraient 8 millions d’euros par an à leurs bourreaux. C’est pour les sortir de cette spirale infernale que Claude Hallégot, ex-enseignante et directrice d’école, ancienne déléguée aux droits des femmes, a fondé l’association La Liane. Le centre assure aux enfants et aux jeunes la sécurité, un encadrement éducatif, des soins d’hygiène et une aide alimentaire. Soutien scolaire, réinsertion familiale, accompagnement à la formation professionnelle et à la recherche d’emploi, soutien psychologique et santé, mais aussi activités culturelles, sportives, manuelles, artistiques sont proposés au sein de ce centre. Plus qu’un centre d’accueil et de protection, c’est un lieu qui veille à l’épanouissement et l’émancipation de ses protégés.
Accueillir les filles démunies
Une attention particulière est également accordée aux filles isolées souvent jeunes mères. Mariées de force ou engagées comme domestiques, elles se retrouvent en grande précarité. Le centre les soutient pour qu’elles puissent étudier ou mener leurs activités génératrices de revenus. Certaines viennent le matin déposer leur enfant avant d’aller étudier. Bientôt, le centre voudrait ouvrir une « Maison des Filles », un atelier de couture au profit des jeunes qui ont été formées. “Tous les soutiens que nous recevons sont utiles, témoigne la directrice. Ils servent directement à accompagner et à protéger cette jeunesse qui aspire à l’émancipation.”