Objectif de Développement Durable n°4 : Assurer l’accès de tous et toutes à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.
L’éducation, c’est bien plus que l’enseignement ou le droit d’apprendre, bien plus que savoir lire, écrire, compter. C’est aussi acquérir des compétences civiques, sociales, connaître ses droits, exercer son potentiel, apprendre à vivre ensemble, participer à la vie de la cité, s’émanciper comprendre le monde et agir en faveur de sa transformation… C’est donc dépasser l’approche uniquement personnelle du droit à l’éducation, dévoyée dans des approches capitalistiques et individualistes, avec l’engouement autour du développement personnel.
Malgré la reconnaissance du droit universel à l’éducation, la Déclaration Universelle des droits de l’homme le limite au « droit à l’enseignement et à l’accès à des études supérieures », la Convention internationale des Droits de l’enfant ne le garantit qu’aux mineur.e.s et en France, le Code de l’éducation le circonscrit au service public de l’éducation, « conçu et organisé pour des élèves et des étudiant.e.s ».
La notion « d’éducation tout au long de la vie » reste, quant à elle, le plus souvent traitée comme une parallèle, ramenée à l’éducation des adultes, tantôt nommée « formation tout au long de la vie », tantôt définie dans une logique unilatérale d’emploi, de la formation initiale à la formation continue.
Pas étonnant que de ces éléments de langage, de ces différenciations, naissent des cadres institutionnels qui perdurent, des approches qui enferment le pouvoir intersectionnel de l’éducation dans des cases.
Cela peut créer des « concurrences » au sein d’un même secteur et des effets de priorisation dommageables pour le droit à l’éducation. Longtemps négligée, notamment dans les politiques publiques, l’éducation des adultes accuse par exemple un grand retard d’investissement et les niveaux d’alphabétisation stagnent. Ailleurs, il nous faut plaider pour le droit à la protection et l’éducation dès la petite enfance, étape primordiale tant en termes de construction cognitive que psychosociale. Pourtant, ces étapes de la vie ne sont pas opposables, l’investissement doit être continu !
Avoir une vue réduite sur un pan du droit à l’éducation a comme écueil de définir des politiques de rattrapage ou qui ciblent l’atteinte de résultats limités à un sous-secteur et ne permet pas une approche orientée vers un changement pérenne avec un bénéfice pour l’ensemble de la société.
Les enjeux cruciaux de s’attaquer aux causes structurelles des inégalités mondiales, les défis d’accès aux droits à l’égalité et les connexions de plus en plus vives entre les agendas de lutte contre le dérèglement climatique, pour la justice sociale et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable, font enfin bouger ces cadres et ces conceptions !
Il n’y a pas un temps pour apprendre, un temps pour travailler, un temps pour se reposer. Nous sommes des individus apprenants tout au long de notre vie ; les connexions temporelles et les transitions éducatives doivent être facilitées.
C’est l’éducation tout au long de la vie mais aussi l’éducation dans tous les espaces et temps de la vie !
Nous sommes trop souvent amenés à devoir expliciter cette vision, tant le droit à l’éducation est perçu de façon angulaire ou sectorielle, se résumant à l’éducation des enfants et des étudiant.e.s, se confondant avec l’enseignement voire la scolarisation, ignorant d’autres espaces et acteurs éducatifs (éducation populaire, famille, coéducation, médias éducatifs, art, culture, etc.).
Dans notre vision holistique, le droit à l’éducation c’est tout ce qui touche à l’éducation, ici, maintenant, demain, partout. La complémentarité des approches renforce le pouvoir de l’éducation en répondant aux besoins des apprenant.e.s et en permettant une amélioration continue des pratiques pédagogiques par la coopération.
L’éducation, c’est surtout construire du collectif, c’est un champ d’apprentissages, de connaissances, de compétences et de construction de liens sociaux. Si l’éducation est une question de transmissions, celles-ci sont pluri-formes et multidirectionnelles.
On apprend les uns avec les autres et les uns des autres. Et on apprend à faire société ensemble.
Carole Coupez
Déléguée Générale adjointe de Solidarité Laïque
Développement de la petite enfance à Sri Lanka, éducation formelle en Haïti, éducation populaire des jeunesses méditerranéennes, alphabétisation des adultes en Afrique de l’Ouest…
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