Lilia Coretchi
Enseignante de français au lycée Spiru Haret de Chisinau en Moldavie
Comment s’organise l’accueil des réfugié.e.s en Moldavie depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine ?
Depuis le début de la guerre, nous passons des moments assez difficiles car l’Ukraine est notre voisin direct. Nous le ressentons d’autant plus que dès les premiers jours de l’invasion au mois de février, nous entendions le son des bombardements jusqu’à Chisinau. Ici, en Moldavie, tout le monde se mobilise pour aider autant que nous le pouvons. De très nombreux réfugié.e.s sont hébergé.e.s par des familles moldaves, depuis parfois plus de deux mois. Beaucoup de centres d’accueil ont également été mis en place, pour accueillir des mères et leurs enfants ou des personnes âgées.
Notre peuple n’est pas si riche, mais il est hospitalier et nous comprenons le besoin et le malheur des réfugié.e.s. Nous faisons de notre mieux pour les soutenir.
Quelles actions ont été mises en place par les élèves, les parents d’élèves et les enseignant.e.s de votre lycée ?
Depuis le début, le flux de réfugié.e.s varie et donc les besoins aussi. Mais au lycée Spiru Haret de Chisinau, en tant qu’institution publique, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Néanmoins, nous avons organisé un marché et une vente de gâteaux au sein du lycée, pour lever des fonds pour les réfugiés en provenance d’Ukraine. L’argent a permis de financer des produits de première nécessité.
Ensuite, l’aide de Solidarité Laïque nous a permis d’organiser une première visite en centre de réfugié.e.s. Les fonds collectés ont été déposés sur le compte de l’association des parents d’élèves et notre comptable se charge de contrôler leur utilisation.
Le 20 avril 2022, veille de Pâques, nous a semblé être une bonne date pour cette visite car chaque réfugié.e a ainsi pu recevoir son propre paquet avec des denrées de première nécessité. Nous avons apporté nos achats et les personnes en charge du centre de réfugié.e.s ont pu réaliser les paquets et les distribuer. Il nous a d’ailleurs été dit que les produits d’hygiène étaient ce qui manquait le plus.
Comment les élèves appréhendent-ils.elles les échanges avec les réfugié.e.s ?
Certain.e.s élèves du lycée ont participé à notre première visite en centre de réfugié.e.s dans le cadre de leurs cours de français. Pendant la classe, les élèves ont fait des recherches sur le site d’un centre commercial proche du lycée et ont dressé les listes d’achats, ont discuté ensemble de ce qui pourrait être acheté pour les réfugié.e.s. Nous avons dépensé environ 700 € pour l’achat de produits pour les réfugié.e.s.
Lors de cette première visite, les élèves n’ont pas voulu insister pour parler avec les réfugié.e.s afin de ne pas les déranger. Ils.elles comprennent leur état d’esprit et ne souhaitaient pas s’imposer. Ils aimeraient néanmoins y retourner et à terme organiser quelques activités pour les enfants.
Nos prochaines visites sont planifiées à partir du 16 mai, car il y a les examens de fin d’année avant et les élèves ne seront pas disponibles. En plus des comptes-rendus de la comptabilité, ils.elles vont continuer après chaque visite à rédiger leurs témoignages avec des photos.
Avez-vous prévu d’autres actions pour soutenir les réfugié.e.s ?
Notre psychologue a aussi visité 3 centres de réfugié.e.s dont 2 se situent dans les foyers de l’université technique de Chisinau. Désormais, nous pensons multiplier nos visites. Cette fois, les réfugié.e.s ont davantage besoin de produits alimentaires, comme des produits laitiers, de la viande, ou encore des compotes pour les enfants. Environ 160 personnes sont dans ces centres et seront aidées. L’essentiel est que leurs besoins soient satisfaits.
Quel est votre ressenti face au risque de propagation de la guerre à la Transnistrie ?
Il y a des opinions partagées sur la Transnistrie, on entend différentes opinions sur le sujet. Certain.e.s se préparent pour quitter cette région et d’autres disent que rien d’anormal ne se passe. Il est difficile de savoir ce qui est vrai. On s’inquiète bien sûr, mais on espère que ça ne va pas se passer sur notre territoire.
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