Depuis ce 10 Mai 2020, des cas de COVID-19 ont été recensé dans la Grand’Anse, qui jusque-là avait été épargnée par la pandémie. Selon le bilan officiel du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), les 17 cas recensés jusqu’à ce 28 Mai serait à Chambellan, Jérémie et Pestel. Pour bien se prémunir contre cette maladie qui peut être mortelle, il est nécessaire de sensibiliser la population de la zone. Cependant, l’accès difficile à ces zones rend cette tâche ardue.
Dans les zones les plus reculées de la Grand’Anse, telles Mont-Ogé, Bourdon, Tapona où intervient Solidarité Laïque, les communications sont quasiment inexistantes. L’électricité n’arrive pas dans ces zones qui sont ainsi privées de télévision et parfois même de radio. Le signal internet dans ces zones est de piètre qualité. Informer les habitants de ces zones des gestes barrières du COVID est ainsi une mission aussi difficile que vitale.
“ 42% des ménages ne disposent pas d’un point de lavage des mains”
Selon le rapport de mission Résilience aux désastres de la Grand’Anse du Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD) paru en 2014, 42% de ménages ne disposent pas de point de lavage de mains. Ainsi, un nombre important d’habitants ne pourront pas mettre en pratique l’un des principaux gestes barrière, à savoir le lavage fréquent des mains. Par ailleurs, les comorbidités en hausse enregistrées sur l’ensemble du territoire haïtien suite aux locks de 2019 (les cas d’hypertension et d’AVC entre autres) compliquent encore la situation dans cette zone où les habitants doivent faire de longues distances pour trouver des soins santé.
“Le confinement n’est pas envisageable en Haïti”
Ce qui a été possible en Europe ne l’est pas Haïti. Le confinement n’est pas envisageable dans la Grand’Anse, ni nulle part ailleurs en Haïti. Les habitants, vivant au jour le jour, devront sortir et très souvent, couvrir de longues distances à pied pour aller dans les champs. Les habitations étant très éloignés, la distanciation physique demeure cependant de l’ordre du possible, tout en ayant des inconvénients. En effet, les voisins sont très souvent trop loin pour porter un secours rapide et efficace.
Deux mois après avoir recensé les premiers cas, le taux de létalité est aux environs des 10 % dans les zones d’Haiti où les habitants sont sensibilisés à la COVID-19. Il faut malheureusement envisager un taux de létalité plus haut dans les zones rurales non sensibilisées, telles la Grand’Anse. Si rien n’est fait pour éviter le pire….
Sindy Jn Baptiste, Chargée de Communication à Solidarité Laïque Haïti.
Junior Mercier, Coordinateur national de Solidarité Laïque Haïti
L’ensemble de l’équipe en Haïti :
A propos de Solidarité Laïque Haïti :
Solidarité Laïque intervient en Haïti depuis 25 ans avec le soutien de l’Agence Française de Développement pour favoriser l’accès à l’éducation. 9 écoles sur 10 sont encore privées et 500 000 enfants ne sont toujours pas scolarisés. Depuis 2018, Solidarité Laïque dispose d’une antenne Solidarité Laïque Haïti. Dans ce contexte déjà fragile, la pandémie risque d’accentuer les inégalités.
L’équipe de l’antenne Solidarité Laïque a été placée en télétravail.
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