Dans quelles conditions travaillez-vous depuis le passage de l’ouragan Matthew ?
L’école est enclavée et très éloignée. J’ai personnellement plusieurs heures de marche pour gagner l’école chaque jour. C’est considérable parce que beaucoup d’enseignants, comme moi, vivent à Jérémie. Nous devons passer par Calvouzano et Mahotière qui sont des zones difficiles. L’école de Mont-Ogé a été complètement détruite après le passage de l’ouragan. C’est 320 élèves qui ne peuvent plus poursuivre leur scolarisation. Pour trouver des solutions rapides, je me suis rendu au ministère pour rencontrer des responsables et savoir ce qu’ils comptaient faire de ses enfants privés d’école et éparpillés dans différentes zones. La réponse de l’Etat a été l’installation d’un hangar inachevé, sans toiture ! Quand il pleut, la salle de classe est détrempée. Nous ne pouvons pas travailler correctement. Jusqu’à présent, nous nous efforçons quand même de tenir le coup et donnons le meilleur de nous-même pour scolariser les enfants des paysans de la région. Nous avons passé les années 2016 et 2017 dans des conditions très difficiles, même chaotique. Mais nous ne pouvons pas baisser les bras, je suis personnellement déterminé à faire fonctionner cette école.
Comment l’action de Solidarité Laïque vous a-t-elle aidé ?
L’aide de Solidarité Laïque m’a apporté beaucoup d’espoir. Je suis heureux de voir ces personnes se mobiliser pour donner une seconde vie à notre école. Les équipes ont apporté de bons conseils pour la reconstruction de l’école. Comme Mont-Ogé est isolé dans la montagne et très difficile d’accès, des matériaux légers, comme la mousse à mémoire de forme, ont été acheminés. Ils sont particulièrement adaptés aux aléas climatiques de la région. Ils répondent à des normes antisismique et anticyclonique. Pour assurer la solidité et la longévité du bâtiment, des murs contrevents en béton et des grillages en acier assureront la consolidation. C’est une excellente nouvelle pour nos élèves et leur famille.
Les gens du village se sont impliqués d’une façon exceptionnelle à la reconstruction du village. De quelle façon ?
Les familles sont conscientes de l’importance de l’éducation pour l’avenir de notre pays. Les enfants doivent étudier parce qu’ils vont tout simplement nous remplacer demain. Ce sont eux qui vont prendre la relève, ils seront appelés à devenir des instituteurs, des ingénieurs, des avocats et pourquoi pas des hommes politiques. Il y a eu un élan de solidarité de tous. Les villages, les paysans et toute la communauté éducative se sont mobilisés pour soutenir ce projet de reconstruction. Chacun à donner de son temps et de son énergie à faire bouger les choses et pour aller de l’avant.
Mathurin Jean Sonel, directeur et enseignant à l’école Mont-Ogé