« Pas question d’abandonner les plus vulnérables. L’éducation est l’unique porte de sortie. » Tel est le credo de Junior Mercier, directeur de l’antenne Solidarité Laïque Haïti-Caraïbes qui multiplie les efforts pour monter des projets éducatifs en Haïti, alors même que de nombreux cadres d’ONG quittent le terrain, tant la tension y est forte. Les projets sont nombreux : soutien à des centres éducatifs et parrainage, construction et réhabilitation d’écoles publiques dans des territoires enclavés, formation qualifiante de jeunes filles et accompagnement à la création d’autoentreprises, formation d’enseignants et d’animateurs socio-éducatifs, soutien aux syndicats enseignants mobilisés pour le financement d’une école publique encore largement minoritaire (83 % des écoles sont privées en Haïti).
Une pays paralysé et sous tension
« Répression policière, pillages, assassinats, paralysie des transports et des organes de l’Etat…, le climat social et politique est de plus en plus violent, déplore Junior Mercier. Depuis des mois, le pays est à l’arrêt et pendant ce temps, ce sont les plus pauvres qui souffrent tandis que la corruption est à son comble. Notre choix est donc sans ambiguïté : rescolariser, alphabétiser les adultes et notamment les femmes, lutter contre les discriminations liées au genre, mais aussi donner des outils aux citoyens pour exercer leurs droits. C’est la meilleure façon d’œuvrer concrètement à un changement politique, social et économique pérenne. »
Éduquer pour reconstruire le pays
Active en Haïti depuis plus de 25 ans, Solidarité Laïque, avec le soutien de l’Agence Française de Développement, a renforcé ses actions après le terrible séisme qui a frappé le pays et s’appuie aujourd’hui sur des partenariats de confiance… qui lui font confiance. « Depuis 2011, nous avons fait la preuve de notre capacité à accompagner des milliers d’enfants et d’adultes, rappelle ainsi Junior Mercier.
C’est un formidable levier pour développer de nouveaux projets. » Pas question pour autant d’être trop ambitieux. L’antenne pose ainsi comme condition à chaque nouveau projet que chaque euro dépensé contribue concrètement à changer un parcours de vie ou à influer les politiques publiques en matière d’éducation et de changement social.
« 500 000 enfants restent toujours en dehors du système scolaire, conclut Junior Mercier. Il n’est un secret pour personne que l’Etat haïtien n’a pas les moyens pour le moment de les scolariser. En tant qu’association militante des droits de l’enfant et du droit à l’éducation, au-delà de la rescolarisation immédiate d’une partie de ces enfants à laquelle nous contribuons, nous venons en appui de la réforme du système éducatif par la formation de cadres ministériels et syndicaux pour qu’un jour chaque Haïtien et Haïtienne puisse bénéficier d’un avenir meilleur.
Junior Mercier, coordinateur national de Solidarité Laïque Haïti.