Dès les annonces du gouvernement, le centre Estel s’est mis en relation avec l’association Village Pilote. Contraint de fermer ses portes à ses publics habituels, il propose d’accueillir des enfants talibés avec l’aide des équipes d’animateurs de rue. Agés de 4 à 12 ans, ces enfants sont pris en charge et nourris par des écoles coraniques appelés « daaras », lesquelles ont dû fermer leurs portes également. À la suite d’une discussion avec le Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, les premiers enfants arrivent le lendemain. Le premier jour, 5 jeunes arrivent et le lendemain ce sont déjà 69 enfants qui sont mis à l’abri des violences de rue, nourris et soignés dans le respect des règles de confinement. 114 enfants y trouveront finalement refuge.
“La place de l’enfant n’est pas dans la rue”
“Au Sénégal, la prise en charge par certains daaras (écoles coraniques) peut être déplorable et les enfants passent souvent plus de temps dans les rues que dans les écoles, révèle Oumar Souleymane Thiaw, le directeur éxécutif du centre. Si l’on veut améliorer leurs conditions de vie et faire respecter leurs droits, il faut commencer par les éloigner de certains de ces centres. La crise liée au Covid-19 nous a offert cette opportunité. Grâce à toute l’équipe qui s‘est mobilisée, de nombreux enfants ont pu retourner dans leurs familles.”
Interrogé sur le projet, le directeur est confiant pour la suite. “Pendant ce temps privilégié qui nous a été offert, nous avons pu prendre le temps de les sensibiliser à l’hygiène et aux règles du vivre-ensemble. Le fait qu’ils soient très solidaires entre eux nous a été d’une aide précieuse”. Les enfants étaient conscients de la présence du virus, mais ne savaient pas comment s’en protéger. Ils ont été formés aux gestes barrières afin de diminuer le risque de contamination”. Aujourd’hui, le projet est une réussite. En rentrant chez eux, les enfants vont pouvoir alerter leurs proches sur leurs conditions de vie au sein des daaras.
Une adaptation rapide et collective
“Dès que j’arrive au Centre, je mets mes gants et mon masque puis je désinfecte intégralement l’infirmerie afin de nous protéger, nous et les enfants, confie Marie Madeleine Ndene, infirmière au centre. Afin de limiter les risques de contamination, nous avons pris la température des jeunes quotidiennement et si l’un d’entre eux venait à avoir des symptômes nous pouvons intervenir rapidement.”
Une collaboration essentielle pour le futur
Grâce à ce projet, le centre Estel possède aujourd’hui de nouveaux alliés. “La collaboration avec l’association Villages Pilotes et le ministère de la protection des enfants s’est très bien passée. Nous avons tissé des liens qui nous serons d’une grande aide demain”, souligne Alexandra Bonnefoy, volontaire de solidarité Internationale pour Solidarité Laïque.
Voir une telle humanité et une telle solidarité de la part des enfants nous a tous beaucoup appris. Ce projet va changer la vie de 114 enfants. Nous espérons maintenant pouvoir trouver une solution à long terme pour la plupart d’entre eux, et leur permettre de rejoindre leur famille.
Propos recuillis par Alexandra Bonnefoy et Etienne Faivre
Photos : © Alexandra Bonnefoy
Retrouvez une vidéo réalisée en 2017 par Solidarité Laïque sur le centre Estel :