La confusion qui existe aujourd’hui sur ce qu’est la laïcité, sur ce qui en relève et n’en relève pas, est désolante et affaiblit ce principe fondamental d’organisation de la République. Si la laïcité n’a nullement besoin d’adjectif pour la définir, force est de constater que plusieurs approches se confrontent et, parfois, se caricaturent.
Comment se référer à la loi – la laïcité c’est d’abord une liberté avant d’être une série d’interdits et en République on n’interdit pas tout ce qu’on désapprouve – comment tenir des positions raisonnées sans être suspecté de compromission et mollesse à l’égard de la montée des communautarismes ?
Comment combattre les atteintes à la laïcité, les enfermements communautaires, les fondamentalismes religieux à prétention politique, les revendications identitaires – ne pas être antireligieux ne veut pas dire tout accepter des religions – sans être taxé de christianophobie, de judéophobie ou d’islamophobie ?
Nous devons faire un effort collectif pour trouver des points d’accord entre deux courants de pensée qui existent et ont d’ailleurs toujours existé dans le camp républicain : une conception de la laïcité plus attachée à la prise en compte de la diversité et l’autre plus attachée à l’unité. Ces deux approches sont l’une et l’autre également respectables : la laïcité, ce n’est pas l’une ou l’autre, c’est nécessairement la diversité et l’unité pour une émancipation en actes.
Dans une période de crise, de peur du lendemain, de peur de l’autre, il faut s’unir pour éviter que la laïcité ne soit instrumentalisée et pervertie par les adversaires de la laïcité qui en travestissent les fondements pour exploiter les crispations, pour tenter de masquer un combat contre les religions ou un racisme inavoué, ou sauvegarder une identité fantasmée et réactionnaire de la France.
Il faut s’unir pour éviter que la question laïque ne soit agitée par certains uniquement pour faire diversion, pour éviter de poser la question sociale, alors même que Jean Jaurès nous a prévenus il y a longtemps que les deux questions sont en partie liées.
Mouvement laïque d’éducation populaire, la Ligue de l’enseignement prendra toute sa part pour conduire un débat serein, dépassant les contradictions, et pour aider à faire partager une culture commune de la laïcité.
Jean-Paul Delahaye, Vice-président délégué de la Ligue de l’enseignement.
La Ligue de l’enseignement est membre de Solidarité Laïque et participe à plusieurs programmes et actions de solidarité internationale en France et dans le monde.