L’aménagement des temps périscolaires est un enjeu crucial dans les zones rurales en Tunisie davantage touchées par la pauvreté : « souvent, les enfants sont scolarisés soit le matin, soit l’après-midi. Mais quand ils viennent de loin, les fratries arrivent ensemble dès le matin et s’attendent pour repartir le soir. Sur une demi-journée, des enfants sont ainsi totalement désœuvrés. Nous avons donc pensé que sur ces temps péri-scolaires, des structures associatives pourraient proposer un accueil adapté », explique Alain Isolphe des Francas. Le projet « Vers une école rurale dynamique », issu d’un partenariat entre associations françaises et tunisiennes vise à proposer des activités organisées par des jeunes animateurs formés d’avance en France. Ces formations sont destinées à de jeunes chômeurs ou étudiants engagés dans la vie associative tunisienne.
« le fonctionnement des écoles en zones rurales n’a quasiment pas changé depuis l’époque du président Bourguiba »
Comment lutter contre les inégalités ? Alors que la révolution tunisienne de 2010-2011 avait mûri au terreau des injustices sociales, notamment dans les régions de l’intérieur, c’est à cette question que Solidarité laïque, ses membres et leurs partenaires tunisiens se sont attaqués dans le cadre du programme Soyons Actifs/Actives. L’un des choix du programme a été de cibler les régions rurales beaucoup plus touchées par la pauvreté : 22% contre 9% dans les grandes villes.
« Dans la région de Kasserine, le programme Soyons actifs/actives s’est décliné en un projet de développement de l’école rurale, dont s’est saisi un consortium associatif franco-tunisien, explique Guilhem Arnal, responsable Tunisie à Solidarité Laïque. « Kasserine est une ville importante du centre-ouest de la Tunisie. Mais, autour, en zones rurales, les écoles ont un fonctionnement et un équipement qui n’a quasiment pas changé depuis l’époque du président Bourguiba », souligne Alain Isolphe, des Francas de l’Hérault qui participe au consortium [1].
« L’école rurale souffre d’isolement et est refermée sur elle-même. »
Nawfel Ichaoui, de l’association Amal, qui coordonne le projet « Vers un école rurale dynamique » précise « L’école rurale souffre d’isolement et est refermée sur elle-même. Pourtant, elle est souvent le seul lieu de lien social dans ce monde profondément rural. » De nombreuses problématiques tournent autour de ces écoles rurales : le manque d’eau potable et d’équipement, l’abandon scolaire, les longs trajets à pieds des enfants pour se rendre, des repas aléatoires dans la cantine.
En octobre dernier, les premières animations ont démarré dans trois écoles rurales auprès de 270 enfants. Les premiers effets sont immédiats : retour de certains enfants décrocheurs à l’école, motivation redoublée des enseignants, souhait d’élargir l’expérimentation à d’autres établissements. Selon Nawfel Ichaoui, « l’enjeu est désormais de convaincre l’Etat tunisien de prendre en charge ces animations dans le cadre de la réforme de l’éducation ».
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme appelé « Soyons Actifs/actives » coordonné par Solidarité Laïque. Ce programme vise la réduction des inégalités dans trois domaines : l’éducation, l’insertion socioprofessionnelle, la participation citoyenne. Il soutient à ce jour une vingtaine de projets d’innovation sociale dans 13 gouvernorats tunisiens.
Plus d’informations sur : actives-actives.org
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