S’il fallait vous convaincre que la laïcité c’est la liberté, je vous dirais de venir voir les élèves qui fréquentent le club « Bien vivre Ensemble » dans mon collège. Loin des préjugés et des clichés, ils s’impliquent dans des actions qui la font vivre au quotidien. Et quand les enfants s’engagent, cela devient un jeu d’enfant !
Tout commence dans mes classes par la découverte de la laïcité. En m’appuyant sur les programmes d’éducation morale et civique et d’Histoire des cycles 3 et 4, je leur montre que la laïcité ce n’est pas l’athéisme, ni une « croyance », ce qui supposerait que l’on pourrait choisir « de ne pas y croire » ! La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire et c’est elle seule qui seule permet à tous de vivre ensemble quelles que soient nos différences.
Mais pour que les enfants le comprennent, je dois moi-même être laïque, non seulement en paroles, mais en actes ! Quel message pourrais-je en effet transmettre à mes élèves si, par choix ou par méconnaissance, je ne parlais pas de telle ou telle croyance, ou, pire, si je m’en tenais à des stéréotypes ou faisais des amalgames ? Plus encore que les adultes, les enfants ressentent les injustices, le rejet… Il est de ma responsabilité d’être bienveillant, de n’éluder aucun problème, de maîtriser mon sujet pour pouvoir répondre à leurs questions. Là est le « secret » pour que non seulement ils m’entendent, mais aussi qu’ils m’écoutent. C’est à cet âge qu’ils se « construisent » comme citoyens et tout se joue donc à ce moment-là. Et c’est aussi à cet âge qu’ils s’engagent avec cœur dans des actions. Alors quand ils s’impliquent… c’est gagné !
Je me souviens d’une opération menée au collège à l’occasion de la journée de la laïcité, le 9 décembre 2015 : un mur d’expression libre a été proposé avec le slogan « Kiff ta Laïcité ! ». Les dizaines de dessins, les textes et les poèmes ont fait la preuve qu’il faut faire confiance à nos élèves…Oui, ils aiment la France et ses valeurs et ils savent même les transmettre valeurs avec enthousiasme. Il suffit pour cela de les responsabiliser.
Je me souviens aussi de ces élèves de 5è faisant jouer des élèves de CM2 à un « Mémory » sur la laïcité et leur transmettre ce qu’ils avaient appris. Ils avaient participé à la création de ce jeu, avaient choisi les images qui le composaient et ils étaient si fiers de le faire connaître, si fiers de transmettre ce qu’ils avaient compris et ces valeurs qui étaient les leurs. Ils se sont mobilisés, chacun avec ses compétences, et ses différences, mais tous avec le même enthousiasme !
Oui, c’est dans ces moments-là que la laïcité est vivante. C’est dans ces moments-là que la citoyenneté se construit. Car il est des connaissances qui ne peuvent s’apprendre dans les manuels. Il est des connaissances comme les valeurs de la République qui ne peuvent s’apprendre qu’en agissant, qu’en entraînant les élèves dans des actions concrètes, qu’en les laissant agir… La laïcité, la citoyenneté, la solidarité ne s’apprennent pas dans les livres. Elles se vivent !