Il y a 12 ans, quand Amparo Villegas a commencé son travail comme bénévole à la Fondation Enfances 2/32 France-Colombie, c’était pour venir en aide à une poignée d’enfants venus de Pereira, au centre de la Colombie.
Les remettre sur le chemin de l’école et leur proposer en dehors du temps scolaire un accompagnement mixant l’éveil, le suivi sanitaire et social et un complément alimentaire, tel était déjà l’objectif de la structure. Solidarité Laïque, très tôt, a su que le projet valait la peine d’être soutenu.
La double formation en sciences sociales et en philosophie, complétée par un diplôme en droits de l’homme, donnaient à Amparo toute légitimité pour intervenir. « De plus, il y avait à l’époque vraiment urgence à s’occuper des enfants. Ce n’est qu’en 1999 que la Convention Internationale des Droits de l’Enfant a été signée par la Colombie, et le chemin était encore long à parcourir », rappelle Amparo Villegas. D’emblée, le projet se démarquait des politiques publiques de protection de l’enfance bâties sur l’urgence, au détriment souvent d’une approche par les droits et l’épanouissement.
Conjuguer philosophie, éducation artistique et droits civiques ?
Aujourd‘hui, avec le soutien de Solidarité Laïque, ce sont 160 enfants qui fréquentent le centre à l’année : 80 s’y rendent chaque jour, après ou avant l’école [1], et tous se retrouvent le samedi pour participer aux activités. Encadrés par une équipe de 11 bénévoles et Amparo, devenue directrice de l’association, les enfants trouvent chaque jour médecins, psychologues et pédopsychiatres qui prennent en charge leurs maux. Ces professionnels reçoivent aussi les parents dans le cadre d’actions de sensibilisation à l’hygiène, à la nutrition et à la parentalité. Des artistes viennent régulièrement collaborer à ce projet qui sort des sentiers battus. « Pour ma part, en plus de la coordination et des tâches quotidiennes que nous nous partageons hors de toute hiérarchie, je donne des cours de philosophie adaptés aux enfants, des cours de peinture et je les sensibilise à leurs droits civiques. Je consacre également beaucoup de temps à rencontrer les parents et à discuter avec les jeunes, afin de leur montrer qu’ils sont des interlocuteurs de valeur », poursuit Amparo.
L’art pour changer le regard sur soi et sur le monde
Musique, littérature, arts plastiques, théâtre et sports collectifs constituent le cœur de l’approche pédagogique portée par la Fondation. « Très vite, j’ai eu la conviction que l’art constituait un vecteur idéal pour éduquer le regard,explique Amparo. L’art aide à se construire, à mieux appréhender les autres et à respecter son environnement. C’est aussi un support thérapeutique de choix pour ceux qui ont connu des situations violentes. »
Le temps des bilans
Et en effet, quand on circule dans ces espaces colorés et paisibles, la qualité des liens qui se partagent ici est palpable. On croise aussi des jeunes plus âgés, qui viennent prêter main fort pour assurer du suivi scolaire pour les plus jeunes. « J’ai fréquenté la Fondation pendant 7 ans, explique José. Aujourd’hui, je suis à l’Université et je truove légitime de transmettre à mon tour ces savoir-être et ces compétences qui m’ont structurés. »
« J’espère que nous arriverons à poursuivre notre travail en l’ouvrant à un public plus large. Car, si l’art est bel et bien un vecteur de transformation sociale, il doit l’être aussi auprès des adultes. Mon souhait est désormais de pouvoir pérenniser la Fondation à travers un financement plus solide et d’élargir notre action à des publics élargis », conclut Amparo Villegas.