Quelle est la situation de la jeunesse au Maghreb ?
Les jeunes connaissent des difficultés d’insertion sociale et économique importantes : plus d’un tiers des jeunes Marocains de 15 à 34 ans sont analphabètes et, plus d’un quart des diplômés marocains et tunisiens sont au chômage. Leur participation aux élections et leur engagement associatif restent très faible, ce qui ne les empêche pas de s’intéresser à la chose publique, comme les évènements de 2011 l’ont montré. A cette situation, s’ajoutent de très fortes inégalités sociales et territoriales. Si on considère que les jeunes représentent environ 50 % de la population, on mesure l’enjeu de mieux les intégrer au processus démocratique ! C’est la condition pour passer de la révolte à un mouvement social organisé.
Avec le soutien des pouvoirs publics et de ses donateurs, Solidarité Laïque agit notamment pour renforcer la place des organisations de la société civile dans la vie démocratique. Quelle est son action à l’égard des jeunes ?
Au Maroc, le programme de coopération que nous coordonnons a choisi la jeunesse comme thématique principale (pour en savoir plus). Il regroupe depuis 2006 environ 90 organisations de la société civile marocaines et 20 organisations de la société civile françaises engagées avec la jeunesse. Ils travaillent en concertation avec les pouvoirs publics et les collectivités territoriales afin de renforcer l’affirmation de cette jeunesse en tant qu’actrice à part entière, et non plus seulement comme bénéficiaire. Cela s’est traduit par des partages de pratiques, un renforcement de leurs capacités et, à partir de 2012, l’appui à la création de 46 conseils de jeunes sur tout le territoire. Des actions de formation socio-éducatives et d’insertion professionnelle ont aussi été réalisées. Au total, 20 000 jeunes Marocains ont été concernés et impliqués, de la conception des actions à leur mise en œuvre.
Et en Tunisie, comment Solidarité Laïque intervient-elle ?
Notre action en Tunisie n’en est qu’à ses débuts. Nous sommes face à une société civile qui a porté la révolution mais qui est beaucoup moins structurée que la société civile marocaine. Notre rôle, en tant qu’ONG laïque, est d’accompagner cette transition démocratique qui est porteuse d’espoirs mais aussi source d’incertitudes quant au maintien des libertés civiles et à la capacité à répondre aux attentes sociales des tunisiens, notamment celle de la réduction des inégalités territoriales. Pour nous, cela passe par la capacité à faire dialoguer ensemble toutes ces organisations, des « historiques militantes » aux plus jeunes, en les réunissant dans des projets touchants à des problématiques d’intérêt commun et selon des principes de partenariat : coresponsabilité, respect, pluralisme, égalité, mixité, parité…. C’est l’objectif premier du programme que nous conduisons, « Soyons actifs/actives ».
En quoi la jeunesse tunisienne bénéficiera-t-elle de ce programme de coopération ?
Réduire les inégalités à travers l’éducation, la formation et l’insertion professionnelle et la citoyenneté, tel est l’axe d’intervention qu’ont retenu les 19 organisations tunisiennes et françaises qui participent au programme Soyons Actifs/Actives que coordonne Solidarité Laïque. Autant dire que les jeunes, qui représentent 50 % de la population, sont déjà largement concernés par ce programme. Mais, cela prendra du temps. Comme l’a montrée notre action conduite au Maroc, il faut accepter d’avancer à petits pas laisser aux différents partenaires le temps de la découverte réciproque et de l’appropriation. C’est là la condition d’un impact fort et de résultats pérennes !
Lancement de 2 projets portés par la jeunesse tunisienne
Suite à un travail d’identification mené par des associations françaises et tunisiennes, deux projets ont démarré au mois d’août 2013.
L’un est porté par l’association de diplômés chômeurs « Création, Créativité pour le Développement et l’Embauche », en partenariat avec Animafac, Etudiants et Développement et l’Icosi. Il vise à identifier des voies d’insertion professionnelle pour les jeunes de la région de Bizerte, tant au niveau du tissu économique, que de celui de l’entreprenariat social.
Le second projet est porté par trois associations tunisiennes : Tunisian Forum for Youth Empwerment, l’Organisation Tunisienne de Défense des Droits des Personnes Handicapées et l’Association Développement local Borj ENnour, en partenariat avec deux membres de Solidarité Laique : la Ligue de l’enseignement et le Sniupp. Le travail consistera à questionner la réussite scolaire, professionnelle et citoyenne de différentes franges de la jeunesse de la grande banlieue de Tunis.
- Tunisie/ Budget global : 587.940 €
- Maroc/ Budget global : 3.975.287€
- Besoins pour le Bassin Méditerranéen : 250.000 €