En quoi l’art contribue-t-il à l’émancipation des individus ?
C’est simple, il n’y a pas d’éducation sans culture. La culture, c’est une entrée sur l’imaginaire ; c’est fantastique pour des enfants et des jeunes de se voir reconnaître une expression qui ne passe pas forcément par le langage ou par une discipline classique. L’art leur permet de dire par des moyens simples ce qu’ils espèrent, d’exprimer leurs rêves. C’est aussi essentiel car on vit une période extrêmement dure sur certains territoires où sévit la barbarie. L’un des principaux remparts contre la barbarie, c’est la culture.
La Biennale est une opportunité de poser une pierre en faveur de l’éducation pour la paix, de l’éducation comme vecteur de liberté. Par l’art, les hommes et les femmes peuvent se déterminer librement dans le monde, au-delà des préjugés, au-delà de la violence. Nous organisons à ce titre une conférence avec Ahmed Galai, prix Nobel de la paix, qui nous expliquera comment la culture a joué un rôle essentiel dans son combat en faveur de la paix et des droits humains.
Comment la Biennale Internationale de la Sculpture de Ouagadougou s’inscrit-elle dans le cadre des actions de Solidarité Laïque ?
Dans le cadre de “Compétences pour demain”, notre programme en Afrique de l’Ouest soutenu par l’Agence Française de Développement, nous travaillons sur deux champs : l’éducation à la citoyenneté et l’employabilité des jeunes et des femmes. Nous savons depuis longtemps que les techniques artistiques et culturelles sont de vrais supports d’éducation à la citoyenneté. S’exprimer à travers sa culture, c’est aussi devenir citoyen.ne. Les enfants ne sont pas uniquement des récipients pour acquérir des savoirs ; ils sont aussi des êtres capables de s’auto-éduquer. L’accès à l’art et à l’éducation artistique en est un formidable moyen. L’aspect « rencontre » est aussi fondamental : on ne peut pas travailler ensemble si on ne va pas vers la culture de l’autre. Pour nous, une biennale comme celle de Ouagadougou permet de défendre cette vision et nous pensons remplir parfaitement notre mission d’éducation à la citoyenneté en y participant.
Comment s’articule le travail des LABIS (Laboratoires d’Innovation Sociale) avec l’organisation de la Biennale ?
Dans les LABIS, nous mettons en place des ateliers de formation aux métiers artistiques : ateliers de poterie, de formation, d’éveil, etc. Les deux LABIS du Burkina Faso (Ouagadougou et Koubri) ont un rôle d’accueil dans le cadre de la Biennale. Par exemple, l’œuvre emblématique de Sahab Koanda et Kader Kabore, un crocodile géant de 30m, est issu d’un atelier de travail pour 15 jeunes de Koubri qui participent à sa construction. Ce que l’on enseigne dans les LABIS est aussi lié aux nouvelles technologies artistiques et environnementales, avec notamment des œuvres réalisées à base de matériaux récupérés. Enfin, les LABIS accueilleront des tables rondes et conférences permettant aux jeunes de s’approprier un certain nombre de concepts ou de clés leur permettant d’évoluer professionnellement ou de se déterminer dans un ensemble de valeurs.
Et en termes d’employabilité comment cela se traduit-il ?
Il s’agit à la fois de mettre en évidence le travail de certain.e.s artistes mais aussi de mettre en place les initiatives d’éducation artistique pour des jeunes, des enfants. Nous organisons notamment une conférence « Circuit des arts et économies » avec Shiran Ben Abderrazak pour ouvrir la possibilité à des jeunes de s’emparer du domaine artistique et de construire leur métier.
Nous travaillons également sur le multilinguisme en Afrique. À l’occasion de la Biennale, nous remettrons des diplômes pour les participant.e.s aux formations en langue française prodiguées dans les LABIS.
Quels seront les temps forts de Solidarité Laïque pendant la Biennale ?
Le 9 octobre, nous invitons tous les artistes, partenaires, bailleurs de la Biennale et ami.e.s de Solidarité Laïque, à venir découvrir au sein de notre LABIS transnational de Koubri à 20 km de Ouagadougou, le crocodile de Sahab Koanda et Kader Kabore et un parcours d’exposition proposé par de jeunes artistes burkinabè.e.s. 25 artistes ont en effet pris possession des lieux et travaillé en relation avec l’univers de Koubri. Ils exposeront leurs œuvres issues des ateliers au cours d’un pique-nique artistico-culturel. Les habitant.e.s de Koubri sont bien sûr invité.e.s à prendre part à l’événement.
Puis le soir, une réception privée sera organisée à l’école de danse de Salia Sanou à Ouagadougou, pour mieux faire connaître notre travail à l’ensemble des artistes, partenaires et bailleurs de l’événement mais aussi pour certains de découvrir le formidable travail réalisé par le Centre de chorégraphie de la Termitière.