Ils étaient déjà 260 millions d’enfants et de jeunes à être privés d’éducation dans le monde. Aujourd’hui, 87% de la population scolaire et étudiante mondiale se retrouve confinée (26 mars – UNESCO) et ces chiffres pourraient être amenés à augmenter . Si on n’anticipe pas dès maintenant l’après crise, les risques pour l’accès à l’éducation sont multiples, pénalisant avant tout le plus pauvres. Il est donc indispensable d’anticiper dès à présent l’après et appeler à une solidarité renforcée pour assurer un accès égal de toutes et tous à l’éducation.
Quand se présente une catastrophe sanitaire, climatique ou liée à des conflits, les capacités “humanitaires” de l’éducation sont souvent négligées, et pourtant elles sont essentielles : par un retour rapide à l’école, les enfants trouvent assure une stabilité psychosociale et morale, sont informés et sensibilisés sur les bons gestes à adopter et et renforcent leurs capacités de résilience. L’expérience montre aussi que les moments de crise sont toujours propices aux prédateurs qui en profitent pour exploiter les enfants qui se retrouvent alors livrés à eux-mêmes. Les violences à leur égard s’accroissent, prostitution, exploitation économique… Négliger l’éducation dans ces périodes est une erreur trop souvent commise par les Etats et les politiques de développement et ce sont les enfants qui en sont les premières victimes.
La menace d’une déscolarisation durable de certains enfants
Cette pandémie risque d’être fatale pour l’accès à l’éducation de millions enfants. Ce droit à une éducation de qualité pour toutes et tous (Objectif de développement durable 4) est déjà en fragilité dans le monde, particulièrement dans les zones touchées par des crises puisque la moitié des enfants exclus de l’éducation dans le monde vivent aujourd’hui dans des régions de conflits ou post conflits.
Quelle sera la situation après la crise du Coronavirus ? Combien d’enfants ne retourneront pas à l’école ? Au 26 mars, 1,5 milliard d’apprenants n’avaient plus accès à leurs établissements d’enseignement, la fermeture des écoles et universités ayant été instaurée au plan national dans 165 pays.
Une solidarité renforcée indispensable en faveur de l’éducation pour toutes et tous
Les Etats et leur population, encore plus qu’hier, feront les frais des inégalités économiques. Dans les pays où la pénurie d’enseignants et plus généralement de personnel des services publics fait déjà rage, la situation appellera à une solidarité internationale renforcée. Rappelons qu’il manque actuellement 69 millions d’enseignants dans monde.
Il faut donc dès maintenant préparer la situation de post-urgence de demain. L’UNESCO vient de lancer une « Coalition mondiale COVID-19 pour l’éducation » réunissant des Ministères de l’éducation du monde entier. Cette coalition est un signal positif puisque la coopération internationale dans l’éducation et le partage des savoirs sont indispensables.
Cette crise doit nous permettre de tracer une nouvelle voie.Comme le rappelait Annie Ernaux, écrivaine, dans une tribune, ce temps est “propice aux remises en cause, un temps pour désirer un nouveau monde. (…) Un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. “ Nous sommes tous conscients du pouvoir de l’éducation pour préparer l’après. Nous sommes à l’inverse conscients que sacrifier le droit à l’éducation, c’est compromettre le monde de demain.